Publié

Isabelle Germanier: "Les effectifs de loups augmentent de manière exponentielle"

Isabelle Germanier, membre de l’association Groupe Loup Suisse et responsable pour la région romande. [Jean-Luc Héraud]
Les attaques de loups se multiplient dans le Jura: interview d’Isabelle Germanier / Le 12h30 / 4 min. / le 3 août 2022
Cet été, les attaques de loups sur les bovins se multiplient dans le Jura et les Alpes vaudoises. La relative paix entre le grand carnivore et les humains semble menacée, car le prédateur s'est en partie adapté à son environnement.

La correspondante pour la Suisse romande du Groupe Loup Suisse, organisation s'engageant à faciliter la coexistence entre les humains et les grands carnivores indigènes dans le pays, Isabelle Germanier observe que les effectifs augmentent "de manière exponentielle". En Suisse, les loups sont passés de 34 en 2015 à 180 en 2022.

"Forcément, quand il y a plus de loups, il y a plus d'attaques", note Isabelle Germanier, mercredi dans le 12h30 de la RTS. Le journal 24 heures explique que le loup s'est adapté à son environnement, "sans quoi il aurait déjà été exterminé", explique-t-elle.

Moins d'ovins dans le Jura vaudois

"Il y a beaucoup moins d'ovins dans la région du Jura vaudois", cite-t-elle en exemple. "En voyant que les proies étaient beaucoup plus volumineuses, le loup a pris l'habitude de garder des jeunes des années précédentes pour avoir une meute beaucoup plus grande afin d'attaquer des proies plus importantes. On observe à l'est de l'Europe que les loups arrivent à tuer des bisons quand ils sont en meute."

Le canton de Vaud envisage donc d'abattre un des deux membres du couple géniteur de la meute du Marchairuz. "Le canton prévoit d'abattre le mâle, mais il se peut que ce soit la femelle qui mène les opérations. Les spécialistes sur place connaissent la meute, l'essentiel est de prélever le bon individu pour tenter de baisser la pression. Mais dans tous les cas, il n'y a aucune garantie de succès. On ne peut toutefois nier la souffrance des éleveurs et la situation actuelle ne fait que renforcer les extrémistes des deux côtés, ce qui est regrettable", expliquait il y a quelques jours le canton dans un communiqué.

"On essaie des choses"

Le nouveau conseiller d'Etat Vert Vassilis Venizelos avouait avoir fait "à contrecœur" la demande de régulation à l'Office fédéral de l'environnement.

>> En lire plus : Décision de tir du loup "à contre-coeur" pour Vassilis Venizelos

"On essaie des choses", déclare Isabelle Germanier. "Si on tire des jeunes, c'est surtout pour éviter une dispersion dans d'autres meutes des mauvais comportements que les jeunes loups ont appris comme le détournement des moyens de protection. Ce n'est pas pour essayer de diminuer les pertes sur le lieu même des attaques."

Propos recueillis par Yann Amedro/vajo

Publié