Dans sa dernière newsletter, la Surveillance des prix analyse les tarifs et les recettes générées par les horodateurs des villes suisses de plus de 20'000 habitants. A Lausanne, Renens, Zurich et Lucerne, les automobilistes peuvent payer jusqu'à trois francs de l'heure pour se parquer dans les rues du centre-ville. Genève est seulement 20 centimes moins chère à l'heure.
Bienne et Fribourg suivent à respectivement 2,20 et 2 francs de l'heure. Le reste des villes romandes analysées facturent entre 1 et 1,50 franc de l'heure au maximum.
Le tarif fait partie d'une stratégie
Pour le surveillant des prix, Stefan Meierhans, interrogé mercredi dans le 19h30, "les différences entre les communes ne peuvent pas s'expliquer par les coûts. Les tarifications sont fixées de manière relativement arbitraire".
En Suisse, les communes sont libres de fixer leurs propres tarifs. À la ville de Fribourg, le chef de service de la police locale et de la mobilité, Jean-Charles Bossens, explique que le tarif de stationnement est un outil. Il permet de réduire la part du trafic automobile dans les centres-villes. “On cherche à offrir une meilleure qualité de vie, à augmenter l'espace à disposition des transports publics et de la mobilité douce."
Pesée d'intérêts
Il reste impossible d'interdire complètement l'accès et le stationnement aux voitures. C'est là l'enjeu de la tarification: une pesée d'intérêts contradictoires. "D'un côté, il y a des gens qui dépendent de la voiture, les commerçants qui veulent faire du chiffre d'affaires dans les villes, de l'autre côté des politiques écologiques. Il faut trouver un équilibre entre ces intérêts", souligne le surveillant des prix.
Conscient qu'il y a aussi une dimension politique dans les taxes de stationnement, notamment pour gérer le trafic, la pollution ou encore le bruit, Stefan Meierhans recommande aux villes "de ne pas trop tirer sur la corde".
Tarifications différentes selon les zones
"Il y a des gens qui dépendent de la voiture et eux aussi doivent pouvoir se payer une visite en ville", rappelle Monsieur Prix. Pour la ville de Lausanne, une solution existe déjà.
"En périphérie, on a des tarifs très bon marché, on souhaite que les automobilistes s'arrêtent à la périphérie et viennent en bus. On souhaite qu'en ville, les gens se déplacent en bus, à pied ou à vélo", a expliqué Florence Germond, municipale des finances et de la mobilité de la ville de Lausanne, dans le 19h30.
À Lausanne, le tarif dépend aussi des quartiers. Dans l'hypercentre, il peut se monter jusqu'à trois francs de l'heure, mais il baisse quand on s'en écarte. Avec les applications de paiement, les automobilistes peuvent désormais payer exactement leur temps de stationnement.
Un domaine public restreint
Dans les villes, le domaine public n'est pas infini. L'espace extérieur est donc mis en concurrence entre les usagers et les places de stationnement ne profitent pas au plus grand nombre.
"C'est un espace public qui n'est plus accessible aux autres usagers, les enfants ne peuvent pas y jouer, les personnes âgées ne peuvent pas s'asseoir sur un banc, les cyclistes ne peuvent pas rouler. La ville ne peut pas être arborisée et diminuer les îlots de chaleur", poursuit Florence Germond.
Des places qui rapportent de l'argent
À défaut de verdure, le stationnement génère de l'argent. Au sommet du classement: Zurich. Avec près de 10'000 places avec horodateur, la ville alémanique encaisse plus de 21 millions de francs par an.
À Lausanne, les parcomètres ont encaissé pas moins de 7,3 millions en 2021. Si l'on prend en compte l'entier des recettes liées au stationnement (horodateurs, macarons, cartes journalières, etc.), elles s'élèvent à plus de 13 millions de francs en 2020 pour 3'726 places.
Les automobilistes qui oublient de payer le parking ou dépassent l'horaire rapportent aussi. L'année dernière à Lausanne, les recettes des amendes d'ordre distribuées pour fautes de stationnement se sont élevées à plus de 8,7 millions de francs.
Léandre Duggan