De mémoire de garde-pêche, c'est la première fois qu'on voit la Broye dans un tel état. Le débit de la rivière qui traverse les cantons de Fribourg et de Vaud n'a jamais été aussi bas depuis plus d'un siècle.
La situation est critique et dure déjà depuis plusieurs semaines. La température du cours d'eau a atteint 27,4°C déjà à deux reprises en juin et en juillet, soit proche de son record de 2019 avec 28,2°C.
"C'est extrêmement dommageable pour les poissons. Certaines espèces vont ralentir leur métabolisme, vont cesser de se nourrir et peuvent clairement mourir dans une eau qui est trop chaude", a précisé vendredi dans le 19h30 de la RTS Philippe Savary, garde-pêche dans le canton de Vaud.
Lac de Morat: une eau à presque 28 degrés
Ailleurs dans le pays, les températures des eaux commencent à battre des records: 24,1°C mesurés jeudi dans l'Aar à Berne, ou encore 26,9°C enregistrés dans le Léman par la plateforme scientifique Léxplore. Le lac de Morat, lui, est encore plus chaud: l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) y a mesuré 27,9°C grâce à une nouvelle balise enclenchée fin juin.
"La situation, cette année, est particulière parce que c'est une combinaison de canicule et de sécheresse. Les rivières ont peu d'eau, donc elles se réchauffent plus vite. La température des lacs s'en ressent aussi", explique Edith Oosenbrug, hydrologue à l'OFEV.
Les mesures de surveillance vont être étendues à d'autres lacs suisses, encore peu surveillés. La Confédération veut ainsi mieux y détecter les effets du réchauffement climatique.
Gabriel de Weck/ats/doe
Des "zones de repos" pour les poissons du Rhin
Les poissons du Rhin, eux aussi, souffrent de la chaleur. Entre la partie inférieure du lac de Constance et les chutes du Rhin, l'eau a atteint un maximum de 26,3°C, a alerté vendredi Patrick Wasem, surveillant de la pêche dans le canton de Schaffhouse.
La situation n'est pas encore aussi critique qu'en 2018, où la température du fleuve avait alors grimpé à 27,5°C. Mais le garde-pêche estime que les températures actuelles sont tout de même "très menaçantes".
Bilan pas avant l'an prochain
Pour l'heure, des poissons sont déjà morts, mais il est difficile d'évaluer l'ampleur des dégâts. Un bilan ne pourra être tiré que l'année prochaine.
En 2018, la canicule avait tué près de 90% de la population d'ombres du Rhin. Cette année, pour éviter une trop forte mortalité, des "zones de repos" ombargées alimentées par de l'eau plus fraîche ont été créées spécialement pour les poissons du fleuve.