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Travail.Suisse demande des hausses salariales pour contrer l'augmentation du coût de la vie

Nouvelles revendications salariales de Travail.Suisse pour compenser les hausses du coût de la vie
Nouvelles revendications salariales de Travail.Suisse pour compenser les hausses du coût de la vie / 12h45 / 2 min. / le 8 août 2022
La faîtière syndicale Travail.Suisse exige des hausses de salaire générales comprises entre 3 et 5% pour l'ensemble des travailleurs et travailleuses l'année prochaine. Cette revendication doit permettre de compenser la forte augmentation actuelle du coût de la vie et les gains de productivité des entreprises.

La situation économique est actuellement très bonne pour l'économie, a souligné Thomas Bauer, responsable de la politique économique de Travail.Suisse lundi devant la presse. Malgré la situation politique mondiale difficile, l'économie suisse tourne à plein régime.

Les salariés et salariées, de leur côté, en profitent peu pour le moment: ils voient le coût de la vie augmenter et subissent un stress croissant, relève la faîtière. "Cela doit changer de toute urgence", a insisté Thomas Bauer, exigeant des hausses de salaires "substantielles" pour permettre aux travailleurs et travailleuses de profiter également de cette évolution positive.

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Une hausse d'au moins 3%

La centrale syndicale exige une augmentation des salaires d'au moins 3%. Cela permettra de garantir le pouvoir d'achat face à une hausse des prix à la consommation estimée à 2,8% pour l'ensemble de l'année. A cela s'ajoute l'envolée attendue des primes d'assurance maladie.

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Pour Thomas Bauer, la "compensation de l'inflation n'est pas négociable". Il ne s'agit que de "la limite inférieure des revendications salariales". Travail.Suisse exige des hausses entre 3% et 5% selon les branches, afin de permettre aux salariés et salariées de bénéficier des gains de productivité réalisés par les entreprises.

"Les gains de productivité ont été positifs: 1% en 2021, alors que les augmentations de salaires réels ont été moindres", ajoute la responsable politique du syndicat Transfair Albane Bochatay dans le 12h45. "Nous estimons qu'il y a vraiment la place cette année pour des augmentations salariales réelles."

"Tous les travailleurs et travailleuses doivent obtenir leur juste part des fruits de la croissance", alors qu'ils travaillent "au maximum de leurs capacités", renchérit Johann Tscherrig, membre du comité directeur de Syna.

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Supplément dans certains secteurs

En plus de la compensation du renchérissement, le syndicat demande ainsi une hausse des salaires réels de 200 francs dans le secteur de la construction, de 2,5% dans la chimie et la pharma ou encore de 2% dans le commerce de détail, où un "net rattrapage des salaires" est nécessaire selon lui.

Un rattrapage salarial est aussi nécessaire dans l'administration publique, qui a fourni "des prestations extraordinaires" en deux ans de pandémie, estime pour sa part Transfair. Le syndicat s'oppose aux exigences des CFF et CFF Cargo de baisser le salaire net des employés et employées afin de compenser les pertes dues au coronavirus et les engagements d'économie pris à ce titre envers la Confédération.

Travail.Suisse estime en outre que des améliorations structurelles sont nécessaires dans certaines branches comme la santé, avec des augmentations de salaire de plus de 5%. Manque de personnel qualifié, surcharge de travail, horaires de travail éprouvants et salaires "structurellement trop bas", la santé reste en effet soumise à une forte pression, rappelle ainsi Syna.

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Pour ce secteur, le syndicat demande, outre la compensation du renchérissement, une augmentation générale des salaires de 5%. Parallèlement, le monde politique est appelé à mettre en oeuvre l'initiative sur les soins infirmiers adoptée en novembre dernier, avec une amélioration "durable" de la formation continue et des conditions de travail.

Effet sur l'économie en général

Interrogé dans Forum, Pierre-Yves Maillard, président de l'Union Syndicale Suisse (USS), l'autre grande faîtière syndicale, milite également pour profiter de la croissance et du faible taux de chômage pour augmenter les salaires cette année. Il affirme qu'il faut "voir les choses de manière générale". Selon le conseiller national socialiste vaudois, une inflation de 3,4% non compensée provoquera un manque au niveau du pouvoir d'achat à hauteur d'entre "15 et 20 milliards".

Cela aura un effet négatif sur le nombre de places de travail, soutient-il. "Parce que dans la distribution, la restauration, le tourisme, les gens consommeront moins. Et ça se verra sur les marges et profits des entreprises", avance-t-il. Augmenter les salaires donnerait donc un coup de pouce à l'économie dans son ensemble.

>> Ecouter le débat entre Pierre-Yves Maillard et Blaise Matthey :

Faut-il augmenter les salaires face à la hausse des prix? Débat entre Pierre-Yves Maillard et Blaise Matthey
Faut-il augmenter les salaires face à la hausse des prix? Débat entre Pierre-Yves Maillard et Blaise Matthey / Forum / 13 min. / le 8 août 2022

ats/ami

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Mesures pour les bas salaires

Travail.Suisse a également élaboré un plan de mesures en 18 points en faveur des bas salaires et des petites rentes. Il demande notamment des augmentations de salaire structurelles au profit des bas salaires.

Il souhaite aussi en finir avec les notions de "salaires féminins" dans des "branches féminines". Idem pour "l'exception tessinoise", qui fait que le canton reste souvent considéré comme une zone à bas salaire. Ce plan prévoit également des mesures pour stabiliser les rentes, réduire les coûts et faciliter la substitution des énergies fossiles.

Pour le patronat, il ne faut pas se focaliser sur l'inflation

"L'inflation entre toujours en considération dans les discussions salariales", affirme lundi dans Forum Blaise Matthey, directeur général de la Fédération des Entreprises Romandes Genève (FER Genève). Les entreprises ont intérêt à avoir une main d'œuvre satisfaite, assure-t-il.

Mais il explique aussi que le renchérissement sera "un élément de discussion" parmi d'autres. Il pointe les incertitudes auxquelles sont confrontées les entreprises: matières premières, énergie, conflit en Ukraine. "Les principales préoccupations des entreprises, c'est la compétitivité et l'emploi", souligne-t-il. "Les discussions salariales tourneront autour de toutes ces contraintes et paramètres", indique Blaise Matthey.

L'inflation qui revient sur le devant de la scène n'est pas "une raison pour oublier l'ensemble des facteurs qui conditionnent la vie des entreprises et leur capacité à vendre des produits et des services". Il mentionne notamment le franc fort. Ainsi, selon lui, la demande syndicale est "tout à fait disproportionnée". Il plaide par conséquent pour des négociations salariales décentralisées.