Laurianne Altwegg: "Il n'y aura pas forcément des coupures de courant cet hiver, mais c'est à craindre"
Pour cet hiver, il est conseillé "d'avoir suffisamment de bougies et de bois pour ceux qui possèdent un poêle", prévenait le président de la Commission fédérale de l'électricité (ElCom) Werner Luginbühl, dimanche dans la NZZ am Sonntag.
Invitée mardi dans le 19h30 de la RTS, la vice-présidente de l'ElCom Laurianne Altwegg nuance les propos de Werner Luginbühl: "Les risques de pénuries se sont fortement accentués. On envisageait des soucis d'approvisionnements en 2025, mais les circonstances font qu'ils pourraient intervenir dès cet hiver." Et d'ajouter: "Des coupures de courant, pas forcément, mais c'est à craindre."
Trois 3 TWh en moins cet hiver
Pour la saison froide 2022/2023, l'ElCom estime que la Suisse aura besoin de 3 TWh, soit 9% de la consommation annuelle du pays. "Ce chiffre correspond au manque de production hydraulique dû à l'absence de neige et à la sécheresse, explique-t-elle. C'est du courant qu'il manque à la Suisse. De facto, s'il manque en hiver, on devra en importer davantage de l'étranger."
Sauf qu'avec la crise énergétique qui secoue toute l'Europe, les pays voisins pourraient ne pas être en mesure de combler les besoins. En France, par exemple, la moitié des centrales nucléaires sont à l'arrêt pour cause de maintenance ou de vétusté. "Il faut savoir qu'on a toujours importé de l'étranger notre courant, en moyenne 5 TWh par hiver. Dans une situation normale, 3 TWh ce n'est pas tant que cela. Mais les circonstances actuelles ont renforcé certains problèmes."
En revanche, certains facteurs "pourraient atténuer cette situation" comme la production hivernale des quatre centrales nucléaires suisses, des précipitations qui pourraient faire remonter le niveau des lacs ou encore des solutions avec les pays voisins. "Le prix de l'électricité est très haut. Il pourrait donc induire des baisses de consommation, notamment dans l'industrie", dit Laurianne Altwegg.
Pénurie de gaz
La deuxième crainte est une pénurie de gaz. Il s'agit d'un problème pour tous les ménages qui chauffent au gaz, mais aussi pour l'industrie. Si des réserves ont bien été constituées par la branche, elles se trouvent à l'étranger. Car la Suisse n'a pas ses propres moyens de stockage et, en cas de crise, elle n'est pas certaine d'y avoir accès.
En cas de pénurie de gaz ou d'électricité, il y aurait d'abord des appels à réduire la consommation. Si cela ne suffit pas, on passerait à des restrictions, par exemple, des limitations de chauffage ou une réduction de l'éclairage, ensuite un contingentement pour les gros consommateurs, et enfin, des coupures ponctuelles de courant.
S'éclairer à la bougie et se chauffer au bois, ce n'est plus totalement irréaliste. Mais avant d'y arriver, il y a encore de la marge.
Sujet et interview TV: Pierre Nebel et Hannah Schlaepfer
Adaptation web: Valentin Jordil