La Poste entend s'imposer comme une actrice centrale du dossier électronique du patient

Alors que La Poste fournit déjà l’infrastructure technique du système dans une douzaine de cantons, l'entreprise en mains de la Confédération pourrait racheter, si tout se passe comme prévu, trois quarts des parts de la société Axana pour fin septembre. L’entreprise deviendrait alors une filiale du géant jaune tout en continuant à travailler de manière autonome.

Si cette opération se concrétise, La Poste poursuivra ainsi sa stratégie offensive dans le numérique. Elle lui permettra notamment d'écarter Swisscom et de s'imposer comme l'actrice principale du dossier électronique du patient en Suisse. Cette situation poserait toutefois la problématique de voir une entreprise en position quasi monopolistique dans ce secteur.

Monopole problématique?

Pour le conseiller national Gerhard Andrey (Verts/FR), spécialiste des questions de cybersécurité, il est toujours un peu délicat qu'une seule entreprise s'impose dans un domaine numérique restreint. "Au moins, si c'est un acteur étatique, le politique et la société gardent voie au chapitre. Donc je préfère un monopole public qu'un monopole privé", affirme-t-il. Mais l'utilité d'un monopole dans ce domaine-là pose quand même question, poursuit-il.

>> Écouter la réaction de Gerhard Andrey dans La Matinale :

D'un point de vue technologique, l'élu prône plutôt un écosystème public et privé privilégiant des logiciels open source, c'est-à-dire des logiciels ouverts et transparents qui puissent être étendus ou intégrés à des solutions déjà existantes.

Le paradoxe d'un service public rentable

Cette stratégie de La Poste ne vient pas de nulle part. Ces dernières années, la Poste s’est profilée sur l’identité et le vote électroniques. Elle a également racheté plusieurs plateformes de services numériques, comme le canal de publicité Livesystems, la liste de commissions en ligne Bring ou encore le logiciel de facturation Klara.

Pour la Poste, l’enjeu est avant tout financier: Postfinance ne rapporte plus suffisamment d’argent et les échanges de lettres sont en chute libre. L'augmentation des livraisons de colis corrélée à l'essor du commerce en ligne ne suffit pas à compenser. Et la loi oblige l'entreprise à être autosuffisante tout en assurant, paradoxalement, sa mission coûteuse de service public.

Sujet radio: Marielle Savoy
Adaptation web: Pierrik Jordan