Le grand jour approche pour Mariana: cette petite fille ukrainienne âgée de 4 ans s'apprête à faire sa première rentrée à l'école de Bevaix (NE). "Lundi, je vais à l'école comme mon frère Timur. Je me réjouis, parce que j'aime l'école", témoigne-t-elle jeudi dans le 19h30 de la RTS.
Sa maman a toutefois dû être rassurée. "Elle était un peu angoissée, parce que Mariana va commencer deux ans plus tôt qu'en Ukraine, et pas du tout dans les mêmes conditions, explique Kira Rothen, qui accueille la famille Nazaruk. Dès que nous sommes allés visiter une classe, elle a été complètement rassurée. Et Mariana ne voulait plus quitter la classe."
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Accélérer l'intégration
Son frère aîné Timur, bientôt 12 ans, ne montre pas l'ombre d'une appréhension. L'adolescent effectuera aussi sa rentrée après avoir passé deux mois dans une classe spéciale afin d'apprendre le français. Mais l'intégration immédiate en classe régulière reste la solution privilégiée par les cantons romands.
"Vous allez voir les habitudes des camarades, vous allez voir comment ils fonctionnent, vous allez parcourir le chemin de l'école ensemble, vous allez prendre le bus et vous allez apprendre beaucoup plus qu'en restant avec des camarades du même pays et qui parlent la même langue", énumère le chef du Service de l'enseignement obligatoire neuchâtelois Jean-Claude Marguet.
Une solution "qui a fait ses preuves"
Deux cents écoliers ukrainiens sont attendus dans les écoles neuchâteloises, soit 1% des effectifs du canton. En Valais, seul autre canton romand en mesure de fournir des chiffres à la RTS, 300 écoliers ukrainiens sont attendus, représentant moins de 1% des effectifs.
"L'intégration immédiate des enfants ukrainiens est pragmatique et adaptée, estime le chef du Département de l'économie et de la formation du canton du Valais Christophe Darbellay. Elle a fait ses preuves en fin d'année scolaire, puisque nous accueillons des enfants ukrainiens depuis la fin du mois de mars." A ses yeux, les enfants ont une "énorme capacité d'adaptation".
Aux parents qui s'inquiètent de voir le niveau des classes diminuer, Christophe Darbellay répond que l'école donne une chance à chacun, que le bien-être de chacun est important et que ces enfants vont apprendre le français et les valeurs de la Suisse pour s'intégrer rapidement. Il précise qu'en plus de la scolarisation "normale", le canton va offrir des heures d'appui pour l'apprentissage de la langue "comme nous l'avons fait pour les enfants allophones".
Mise en garde des enseignants
Mais pour le Syndicat des enseignantes et enseignants romands (SER), ces chiffres sont amenés à augmenter en raison de la guerre qui se poursuit. Il demande donc à ne pas relâcher l'effort d'intégration après la rentrée.
"L'école normale devra s'adapter au fur et à mesure. Si des élèves arrivent dans un mois, toutes les mesures mises en place devront être réévaluées. Les écoles, ainsi que les départements de la formation et de la migration doivent collaborer de manière serrée", souligne le vice-président du SER Olivier Solioz.
"Nous serons très attentifs aux besoins du terrain avec des périodes ou des ressources supplémentaires lorsque ce sera nécessaire", répond Christophe Darbellay, qui en a profité pour remercier les professeurs pour leur travail.
Selon la Confédération, le nombre de réfugiés ukrainiens pourrait passer de 60'000 actuellement à plus de 100'000 d'ici la fin de l'année.
Sujet et interview TV: Gabriel de Weck et Fanny Zürcher
Adaptation web: Valentin Jordil