Le référendum sur la réforme AVS 21 et la retraite des femmes à 65 ans soumis au peuple
Le Parlement a adopté AVS 21 l'an dernier dans l'espoir de donner une assise financière plus solide au premier pilier du système de retraite, qui devrait plonger dans le rouge dès la fin de la décennie en raison du vieillissement de la population et du départ à la retraite de nombreux "baby-boomers". Avec l'évolution démographique, les recettes ne suffiront bientôt plus à couvrir toutes les rentes, rappelle le conseiller fédéral Alain Berset.
La mesure-phare est l'instauration d'un même âge de la retraite pour les femmes et les hommes, soit 65 ans. Pour atténuer les effets pour les femmes proches de la retraite, un régime de compensation est mis en place.
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La gauche et les syndicats, qui ont déposé le référendum contre la hausse de l'âge de la retraite des femmes, s'opposent à cette réforme qui se fait à leurs yeux sur le dos des femmes et des personnes à bas revenu. Pour l'Union syndicale suisse (USS), Unia, le PS et Les Vert-e-s, cette réforme entraîne une perte de rente d'un an.
Les femmes touchent déjà un tiers en moins de rentes, rappellent les référendaires. Pourtant, ce sont elles qui s'occupent majoritairement des enfants, des petits-enfants, des proches malades et qui exercent des métiers astreignants mais peu rémunérés.
Hausse de la TVA
Valentin Vogt, président de l'Union patronale suisse, estime que la réforme prévue du premier pilier représente "un compromis bien helvétique": "L'allègement financier urgent que réclame cette assurance est assuré par une combinaison de mesures structurelles et financières."
Le président de l'UPS souligne également que les femmes proches de la retraite bénéficieraient d'un supplément de rente à vie. Pour les revenus faibles, celui-ci pourrait se chiffrer à un total de 47'000 francs. "Sans la réforme, ces femmes ne recevraient pas un franc supplémentaire", dit-il.
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Parallèlement au relèvement de l'âge de la retraite des femmes, la réforme prévoit une augmentation du taux de TVA. Une mesure qui devrait rapporter environ 1,4 milliard par an.
Mais, "cumulée avec la hausse brutale des primes prévue en septembre, la hausse de la TVA accablera la population de 4 à 5 milliards", avertit Pierre-Yves Maillard, président de l'USS. De plus, le revenu réel et le pouvoir d'achat des Suisses devraient baisser en raison de l'inflation, selon lui.
Ce relèvement minime de la TVA est justifié et nécessaire, aux yeux du Conseil fédéral. S'il fallait stabiliser les finances uniquement en réduisant les dépenses, il faudrait considérablement couper dans les prestations.
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De même, l'alignement de l'âge de référence des femmes sur celui des hommes est justifié, estiment le gouvernement et la majorité du Parlement. Les femmes sont aujourd'hui mieux formées que par le passé, exercent pour la plupart une activité lucrative et vivent plus longtemps que les hommes. Près d'un tiers des économies réalisées grâce à la réforme seront ainsi redistribuées aux femmes.
Le 24e scrutin en 70 ans
La population votera deux fois le 25 septembre, une fois sur la réforme AVS 21 et une fois sur l'augmentation de la TVA. Pour que ces objets passent, un double oui est nécessaire, car l'augmentation de la TVA ne peut entrer en vigueur que si le peuple accepte les autres mesures, et vice-versa.
Il s'agira du 24e scrutin lié à l'AVS depuis son entrée en vigueur il y a plus de septante ans. Il faut remonter à 1995 pour trouver la trace de la dernière réforme du premier pilier acceptée en votation populaire: par 60% des voix, le peuple entérinait la 10e révision de l'AVS qui prévoyait un relèvement de l'âge de la retraite des femmes de 62 à 64 ans et la possibilité de prendre une retraite anticipée.
vajo avec ats