La forte demande de panneaux solaires pourrait-elle favoriser les risques d'incendies?
L'énergie photovoltaïque a de plus en plus de succès en Suisse, auprès des particuliers mais aussi des autorités. Les attentes sont grandes: la Confédération veut renforcer la production solaire de manière significative, de même que certains partis. Les Vert'libéraux genevois ont par exemple récemment lancé une initiative pour couvrir tous les toits du canton de panneaux solaires d'ici 2035.
Mais cet engouement peut se révéler risqué. À Genève, justement, on connaît la cause de l'incendie qui a ravagé fin avril une salle d'escalade flambant neuve située dans la zone industrielle de Meyrin-Satigny. Selon les informations de la RTS, l'enquête s'oriente vers une défectuosité du système d'installation lié aux panneaux solaires, qui avaient été posés sur la toiture de l'édifice quelques semaines seulement avant l'incendie.
Le feu est donc parti du toit, attisé par une forte bise. Des braises sont ensuite tombées sur les tapis en mousse de la salle, d'où le feu s’est rapidement propagé.
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Installation dans la précipitation
Selon les professionnels du photovoltaïque contactés par la RTS, ce type de problème est pourtant rare. Ils soulignent que cette technologie est sûre, même si le "risque zéro" n'existe pas. La plupart du temps, c'est une erreur humaine qui est à l'origine des rares sinistres. Par exemple, une mauvaise manipulation au moment de l'installation.
"La profession a été vigilante depuis le début", souligne l'ingénieur et consultant en énergie solaire Jean-Christophe Hadorn. "En Allemagne, il y a 1,4 million d'installations et 124 cas d'incendies avec une cause liée à celles-ci. Au Japon, les statistiques sont encore plus faibles: 2,5 millions d'installations et 127 incidents recensés", illustre-t-il.
Par ailleurs, en Suisse, un double contrôle de sécurité est exigé. "Dès qu'une installation est posée sur un toit, elle doit être contrôlée par quelqu'un d'indépendant de celui qui l'a installée. Si ce contrôle n'est pas effectué, vous ne recevrez pas la subvention complète ni les recettes des ventes d'électricité", explique le consultant.
Appel à la patience
Mais si les incendies en lien avec des installations photovoltaïques sont rares, les professionnels reconnaissent qu'avec les fortes demandes, certains installateurs pourraient vouloir aller plus vite. D'autant que la main d'oeuvre qualifiée vient à manquer. Selon l'association professionnelle Swiss Solar, il manque aujourd'hui entre 500 et 600 travailleurs ou travailleuses dans le secteur.
Il faudra donc redoubler de vigilance au moment des installations. Pour Jean-Christophe Hadorn, il est important de discuter avec l'installateur de la conformité du matériel, de la certification des panneaux mais aussi des câbles, connecteurs ou batteries.
Ce promoteur de l'énergie solaire appelle surtout la clientèle à être patiente, même si "on est un peu au pied du mur" au vu des circonstances. "Vraisemblablement, on peut avoir des délais d'attente jusqu'à huit mois, qui dépendent de la livraison du matériel et de la main d'oeuvre disponible", concède-t-il.
Gabriela Cabré/jop