L'initiative de l'UDC, qui devrait être lancée au plus tard début 2023, fixe pour objectif une autonomie alimentaire de 60% en Suisse, contre 49% aujourd'hui.
Conséquence: la Suisse devrait renoncer à augmenter la part de territoire pour l’environnement et la biodiversité.
Production ne signifie pas forcément pollution
Pour le conseiller national UDC Jacques Nicolet, défense de la nature et agriculture ne sont pas incompatibles. "Ce qu'il faut s'enlever de l'esprit, c'est de dire qu'une agriculture productrice est une agriculture qui pollue", a-t-il expliqué mardi dans La matinale de la RTS.
"Aujourd'hui, on arrive, avec des moyens de production, avec la recherche agricole, avec les nouvelles technologies, à produire des denrées alimentaires de qualité tout en étant respectueux de l'environnement", a ajouté le Vaudois. "C'est cette agriculture-là qu'on veut renforcer, pas une agriculture de petits papillons et de petites fleurs sur les bords des fenêtres."
Aucune concertation officielle avec l'USP
Ce projet prend de court l'Union suisse des paysans (USP). Contactée par la RTS, la faîtière des organisations paysannes s'est empressée de préciser que l'initiative émane de l'UDC exclusivement. Aucune concertation officielle n'a eu lieu entre elle et le parti conservateur.
Sur le fond, l'USP se dit favorable à une hausse de la production indigène. La guerre qui sévit en Ukraine, grand pays exportateur, rappelle à la Suisse la nécessité d'avoir de quoi nourrir sa population. Mais pour y arriver, il n'est pas question d'abaisser les exigences actuelles imposées aux paysans en matière de biodiversité.
La faîtière est en revanche d'accord avec le plus grand parti de Suisse pour qu'on n'en fasse pas davantage en matière d'environnement et de biodiversité, comme le voudrait le Conseil fédéral.
D'autres pistes à explorer en Suisse
Afin de moins importer de denrées alimentaires depuis l'étranger, l'USP estime surtout que plusieurs pistes doivent être explorées, parmi lesquelles la lutte contre le gaspillage. Mais elle attendra de connaître la version définitive de l'initiative avant de se prononcer en faveur d'un éventuel soutien.
A une année des élections fédérales, l'UDC tient à se présenter avec ce texte comme le défenseur des paysans, qui constituent encore une part très importante de l'électorat du parti.
Céline Fontannaz/oang
Les milieux de défense de l'environnement fâchés
Les milieux de défense de l'environnement s'énervent face au projet d'initiative de l'UDC. La conseillère nationale socialiste Ursula Schneider Schüttel, également présidente de Pro Natura, parle même d'hérésie. "Il faut faire plus pour la biodiversité", a-t-elle insisté dans La Matinale.
"Je pense aussi que chaque agriculteur, chaque agricultrice qui travaille vraiment avec la terre devrait savoir que la biodiversité est très importante, notamment pour produire une nourriture saine", a souligné la Fribourgeoise. "Ce n'est pas quelque chose que l'on peut simplement négliger".