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Le Conseil fédéral lance les négociations pour définir les centrales de réserve

Le Conseil fédéral veut utiliser des groupes électrogènes pour éviter les pénuries cet hiver
Le Conseil fédéral veut utiliser des groupes électrogènes pour éviter les pénuries cet hiver / 19h30 / 2 min. / le 17 août 2022
Les préparatifs pour éviter une pénurie d'électricité cet hiver vont bon train. Le Conseil fédéral a décidé mercredi de lancer les négociations pour définir les centrales de réserve.

La guerre en Ukraine a fait renaître le spectre d'une pénurie d'électricité en Europe dès cet hiver. Pour éviter un tel scénario, le Conseil fédéral a déjà décidé de mettre sur pied des centrales de réserve. Il est désormais temps de négocier les contrats.

Disponibilités dès cet hiver

Les installations devaient initialement fonctionner au gaz. Vu l'approvisionnement incertain du combustible en raison du conflit, une nouvelle exigence a fait surface: les centrales devront si possible aussi pouvoir fonctionner avec du pétrole. Et la puissance totale devra être supérieure à 300 MW, soit environ 80% de la puissance de la centrale nucléaire de Mühleberg, débranchée depuis.

De premières investigations ont été menées auprès des cantons et des exploitants. Elles ont montré qu'un tel potentiel serait disponible dès la fin de cet hiver. Les crédits supplémentaires et les crédits d'engagement nécessaires ont été sollicités pour le financement.

Une ordonnance règlera dans un premier temps l'exploitation en disponibilité accrue des centrales de réserve, l'indemnisation de ses exploitants et les responsabilités. Elle devrait entrer en vigueur au plus tard à la mi-février 2023. Elle sera ensuite remplacée par une modification de la loi.

La Confédération examine par ailleurs si des groupes électrogènes de secours pourraient également servir de centrales de réserve. Il en existe quelque 300, offrant une puissance totale d'environ 280 MW. Ils sont utilisés par Swissgrid pour les prestations de services-système. Plusieurs questions logistiques devraient encore être résolues, et les propriétaires donner leur accord.

Ajustements à faire

L'exploitation des centrales de réserve ou des groupes électrogènes de secours implique par ailleurs une suppression temporaire, de février à mai 2023, des valeurs limites de l'ordonnance sur la protection de l'air et éventuellement de l'ordonnance sur la protection contre le bruit. Les installations doivent pouvoir fonctionner plus de 50 heures par an pour pallier une situation critique en matière d'approvisionnement électrique.

Un relèvement temporaire du niveau de tension des lignes de transport d'électricité Bickigen-Chippis et Bassecourt-Mühleberg est également en discussion. La mesure permettrait de réduire les congestions du réseau de transport. Les départements concernés ont été chargés de soumettre une telle demande d'ici fin septembre.

ats/fgn

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Roger Nordmann: "Cet hiver, il n'y a pas tellement d'autres solutions"

Invité du 19h30 mercredi pour réagir à ces nouvelles décisions du Conseil fédéral, le conseiller national socialiste Roger Nordmann estime que les sept sages font ce qu'il y a à faire dans une situation "très spéciale".

"La moitié des centrales nucléaires françaises est hors-service, il y a la guerre en Ukraine et on manque d'eau. C'est une situation de crise très spéciale et le Conseil fédéral a raison de se préparer à ça. Pour cet hiver, il n'y a pas tellement d'autres solutions et il faut donc être prêt", estime l'élu.

"On paie le prix d'un sous-investissement"

Mais si le Vaudois juge qu'il faut bien parer au plus pressé, il juge surtout que cette situation est symptomatique d'un manque d'effort dans le passé. "En Suisse, on paie le prix d'avoir sous-investi dans la production d'énergie renouvelable et c'est là-dessus qu'il faut corriger le tir", précise-t-il.

Et d'appeler notamment les opposants à l'éolien à ouvrir les yeux: "Dans l'éolien, on a notamment eu beaucoup de blocages. Donc j'appelle vraiment les organisations de protection du paysage à bien faire la pesée d'intérêts et à cesser de mettre des bâtons dans les roues de ces projets".

>> L'interview intégrale de Roger Nordmann dans le 19h30 :

Roger Nordmann: "Nous sommes dans une situation de crise, le Conseil fédéral a raison."
Roger Nordmann: "Nous sommes dans une situation de crise, le Conseil fédéral a raison." / 19h30 / 3 min. / le 17 août 2022