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Les employeurs veulent plus de soutien pour recruter des "permis S"

Les employeurs veulent plus de soutien pour recruter des réfugiés disposant du "permis S". [Keystone - Urs Flueeler]
Les employeurs suisses réclament une meilleure visibilité sur le statut S: interview de Marco Taddei / La Matinale / 1 min. / le 19 août 2022
Près d'une entreprise sur dix en Suisse a déjà recruté des réfugiés ukrainiens et s'en déclare satisfaite. Mais les employeurs veulent des perspectives à plus long terme en ce qui concerne le statut de protection S et un rôle plus actif des offices régionaux de placement (ORP).

Le droit de séjour des personnes au bénéfice du statut de protection S est actuellement limité à un an: les premiers permis vont donc expirer dans environ six mois, s'inquiète l'Union patronale suisse (UPS). Pour la faîtière, l'incertitude quant à la suite de la procédure préoccupe de nombreuses entreprises, souligne-t-elle jeudi devant les médias à Berne.

Six mois après le début de l'agression russe, sur les quelque 60'000 Ukrainiens enregistrés en Suisse, 33'000 sont en âge de travailler. Selon le Secrétariat d'Etat aux migrations, environ 10% de ces derniers exercent désormais une activité professionnelle.

Pour connaître les besoins et défis liés à l'embauche de réfugiés arrivés d'Ukraine, l'UPS a mandaté une enquête auprès des employeurs. Les résultats montrent que 56% des sondés sont en principe intéressés à recruter des personnes avec le statut S et que près de 10% ont déjà franchi le pas.

La langue, principale barrière

Pour les employeurs, il s'agit aussi d'un geste de solidarité. Un répondant sur trois cite les bonnes qualifications des réfugiés d'Ukraine et la pénurie de personnel qualifié. Les entreprises se déclarent en grande majorité satisfaites des prestations de ces recrues.

Mais le manque de connaissances linguistiques s'avère souvent un obstacle à l'embauche, surtout dans l'hôtellerie-restauration, la santé et le social. Des branches qui justement présentent le plus grand potentiel, déplore l'UPS. De fait, 62% des sondés demandent à la Confédération et aux cantons d'en faire plus en matière de cours de langue aux Ukrainiens.

En outre, 81% des entreprises qui ont déjà recruté des "permis S" seraient favorables à une prolongation du droit de séjour pour la durée de l'engagement. Des perspectives à long terme pour le séjour des réfugiés ukrainiens en Suisse "inciterait les entreprises à poursuivre ou intensifier leur effort d’intégration grâce à des stages et des places d'apprentissage", selon le président de l'UPS, Valentin Vogt, cité dans le communiqué

Soutien accru des ORP demandé

Une entreprise sur trois attend aussi des ORP un rôle plus actif dans le placement des réfugiés avec le statut S. Pour les entreprises, il s'avère en effet extrêmement difficile d'accéder directement à ces personnes. Et la méconnaissance du marché du travail suisse est pour certains Ukrainiens un problème: les ORP devraient les soutenir davantage dans ce domaine.

L'enquête de Sotomo, réalisée entre le 18 et le 25 juillet, a interrogé 367 entreprises de cinq collaborateurs et plus basées en Suisse alémanique et en Suisse romande. Elle est pondérée en fonction de la taille des entreprises.

L'UPS fédère quelque 90 organisations patronales régionales ou sectorielles ainsi que des entreprises individuelles. Au total, elle représente environ 100'000 PME employant deux millions de salariés.

ats/ther

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