La cheffe du Département fédéral de justice et police a présenté à Berne un bilan du permis S devant les cantons, les partenaires sociaux et les représentants de l'économie. Les discussions vont dans le bon sens, a-t-elle résumé, satisfaite, à l'issue de cette rencontre.
Sur les quelque 58'000 bénéficiaires du statut de protection S, 34'000 environ sont en âge de travailler. Après six mois, ils sont 11%, ou 3670, à exercer une activité rémunérée, soit un taux presque deux fois plus élevé que celui des autres réfugiés (ceux reconnus et ceux admis à titre provisoire cumulés). Ce dernier avoisine les 6%, a détaillé Karin Keller-Sutter.
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La Suisse ne renverra pas tout le monde une fois la guerre finie
La conseillère fédérale a aussi cherché à rassurer les patrons qui ont embauché des réfugiés ukrainiens. Pour eux, le permis S et sa validité d’une année sont un frein à l'embauche, car ils ne peuvent pas savoir s'ils pourront continuer à compter sur ces forces de travail au-delà de la date d'échéance de leur permis S l'an prochain.
"J'ai chargé le Secrétariat aux migrations d'éclaircir les questions qui préoccupent les employeurs. Par exemple, que ferons-nous des réfugiés qui sont en formation en Suisse et de ceux qui ont un contrat de travail? Il nous faudra trouver des solutions pragmatiques au moment de décider du renvoi des réfugiés dans leur pays", a-t-elle déclaré, sans pour autant offrir de garanties.
Pour la première fois, Karin Keller-Sutter a toutefois laissé une porte ouverte. La Suisse ne renverra pas tous les réfugiés en Ukraine lorsque la guerre sera finie, a-t-elle signalé.
Une éventuelle prolongation du statut S dépendra de l'évolution de la guerre en Ukraine et elle devra être coordonnée avec les pays de l'espace Schengen. La Suisse ne prendra pas de décision seule, a martelé la ministre.
"Il faut clarifier la situation rapidement"
Si l'Union suisse des arts et métiers (Usam) salue la bonne coordination entre les différents acteurs, son directeur Hans-Ulrich Bigler insiste: il faut clarifier la situation rapidement.
Du côté des syndicats, on se dit plutôt satisfait. Le président de l’Union syndicale suisse Pierre-Yves Maillard a toutefois relevé les problèmes de gardes d’enfants, car la grande majorité des réfugiés ukrainiens en âge de travailler en Suisse sont des femmes.
>> Les précisions du 12h30:
Sujet TV/radio: Jean-Marc Heuberger et Mathieu Henderson
Adaptation web: Vincent Cherpillod