Le Low Flight Network (LFN) est une particularité peu connue et pourtant indispensable de l'espace aérien suisse. Réservé aux seuls hélicoptères de l'armée, de la Rega ou de la police, ce réseau permet d'effectuer des opérations de sauvetage ou de sécurité en cas de mauvais temps.
"Le LFN, c'est une succession de points GPS qui, mis bout à bout, créent des routes. Il faut imaginer une sorte d'autoroute aérienne", a expliqué vendredi dans La Matinale de la RTS Laurent Racine, pilote pour la Rega basé à Lausanne.
Selon lui, ce réseau répond à une forte demande. "La Rega et les forces aériennes ont mis en place le LFN pour pouvoir voler avec les instruments à travers les nuages à destination d'un hôpital. C'est un outil primordial pour augmenter la sécurité des vols, tout en nous affranchissant de certaines barrières liées aux mauvaises conditions météo."
Un réseau inachevé
Au cours du premier semestre 2022, plus de 450 vols ont été effectués sur ce réseau à basse altitude, soit une hausse de 24% par rapport à 2021, a indiqué à la RTS l’Office fédéral l’aviation civile (OFAC). Il y a un an, le LFN s'est vu octroyer le statut d'infrastructure aéronautique nationale critique. Berne s'est alors engagée à développer et financer ces routes aériennes.
Les hôpitaux romands sont moins bien desservis par le réseau de vol à basse altitude
Malgré ces promesses, le LFN reste inachevé à ce jour, notamment en Suisse romande, indique David Suchet, porte-parole de la Rega. "Si on compare avec la Suisse alémanique, les hôpitaux romands sont moins bien desservis. Plusieurs procédures de vol seront déposées cette année, qui concernent notamment le CHUV, les HUG, l'Hôpital du Jura et l'Hôpital de Rennaz. Cela conduira à une amélioration notoire de la prise en charge médicale par les airs", assure-t-il. La Rega veut aussi ajouter au LFN l’aéroport des Eplatures dans le canton de Neuchâtel afin de mieux répondre aux besoins des hôpitaux de la région.
Pour ces projets, les procédures devraient être simplifiées, plaide David Suchet. "En Suisse, chaque année, environ 600 patients ne peuvent pas bénéficier d'une prise en charge médicale aérienne en raison du mauvais temps. Pour la Rega, c'est essentiel que le LFN aille de l'avant. Il faut des procédures d'approbation qui soient simplifiées et standardisées sans pour autant négliger la sécurité."
Simonetta Sommaruga priée d'accélérer
Les cantons partagent ces critiques. Ils ont interpellé en juin dernier le département responsable de ce dossier, celui de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, pour lui demander d'accélérer le processus.
"Cela fait maintenant plusieurs mois qu'on attend une prise en main de la cheffe du Département des transports afin qu'on puisse aller de l'avant. La base légale, nécessaire, manque aujourd'hui", confirme Frédéric Favre, conseiller d'Etat valaisan.
Ces différentes critiques ont fait réagir les autorités fédérales. Simonetta Sommaruga a répondu aux cantons la semaine dernière, indiquant que les travaux suivaient leur cours: des nouvelles routes sont constamment rajoutées et une dizaine de plus seront établies d'ici 2024.
"Un projet complexe"
Développer le LFN prend du temps, explique Antonello Laveglia, porte-parole de l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC).
"Il s'agit d'un projet complexe dans un espace aérien qui est déjà très chargé. La mise en service de nouvelles procédures d'approche exige donc des examens et des approfondissements de la part des autorités civiles et militaires impliquées dans le projet. Comme certaines routes touchent ou traversent l'espace aérien français ou italien, il faut aussi s'entendre et trouver des accords avec les autorités étrangères", signale-t-il.
Par ailleurs, la question du financement de ce développement n'a pas été réglée. Cantons, Confédération (Skyguide, Meteosuisse, armée), entreprises de sauvetage aérien: personne ne s'entend sur la répartition de la facture. Le montant articulé à ce jour se chiffre à 30 millions de francs.
Marc Menichini/gma