Le Secrétariat d'Etat aux migrations confirme un nombre de mineurs non-accompagnés (MNA) en nette augmentation cette année. Au premier août, 862 jeunes s'étaient en effet enregistrés dans les centres fédéraux. A titre de comparaison, ils n'étaient que 400 en 2018.
S'il est difficile de savoir combien de jeunes vont encore arriver dans les prochaines semaines, une chose est sûre, le climat actuel dans le monde est plutôt favorable aux déplacements. Ne serait-ce que le retour des talibans en Afghanistan, il y a un peu plus d'un an, qui a provoqué et provoquera certainement encore dans l'avenir de nombreux départs.
Statut particulier
Une personne migrante mineure bénéficiant d'un statut particulier, les cantons qui l'accueillent ont des devoirs accrus en termes de développement et d'accès à l'éducation. Dans le canton de Neuchâtel, ils sont une trentaine de mineurs, principalement venus d'Afghanistan, à être logés dans le centre cantonal de premier accueil. Et pour eux, le travail de reconstruction est en effet très long.
"Ils ont dû survivre pendant leur parcours et puis tout d'un coup, on leur donne la possibilité de vivre. Et ça, c'est jamais simple pour ces personnes, de réapprendre les gestes du quotidien", explique dans La Matinale Yanick Bussy, chef de l'Office neuchâtelois de protection de l'enfant.
D'où l'importance, selon lui, que ces jeunes puissent résider dans des familles d'accueil. Ce qui n'est pas encore le cas à l'heure actuelle à Neuchâtel, canton dans lequel les MNA sont placés dans des centres dédiés.
Les autorités cantonales sont persuadées que ces enfants ont besoin de vivre en famille d'accueil. Mais une famille est-elle outillée pour un tel accompagnement? Selon Yanick Bussy, elle ne sera pas pas livrée à elle-même. "Elle est accompagnée par des professionnels qui sont à sa disposition, qui peuvent l'appuyer, qui peuvent l'écouter et puis lui fournir des clés pour cet accompagnement."
De son côté, le Secrétariat d'Etat aux migrations est sous pression pour augmenter les postes d'encadrement socio-éducatifs et baisser les moyens massifs dédiés à la sécurité.
Romain Bardet/Deborah Sohlbank/fgn
Neuchâtel à la recherche de familles d'accueil
A coup d'articles sponsorisés dans les médias, de journée d'information ou même de podcasts, le canton de Neuchâtel renforce sa communication pour recruter des familles d'accueil. Car il en manque pour accueillir ponctuellement ou durablement des enfants placés, et notamment les migrants mineurs non-accompagnés (MNA) toujours plus nombreux à arriver en Suisse.
Cet appel pressant de la part du canton est la conséquence d'une réforme amorcée il y a quatre ans par le Conseil d'Etat. Car contrairement aux autres cantons latins, Neuchâtel a longtemps favorisé le placement en institution. Mais il veut désormais s'aligner sur les nouveaux standards internationaux, en développant des alternatives, notamment les familles d'accueil.
Objectifs trop ambitieux?
Toutefois, selon un rapport indépendant, cet objectif de départ est peut-être trop ambitieux, comme le souligne la députée socialiste Sarah Fuchs-Rota. Selon elle, en voulant à tout prix fermer des places en foyer, le canton s'est peut-être un peu trop précipité.
"On aurait pu d'abord plus développer les familles d'accueil, leur recrutement, leur encadrement, avant de fermer des places. A ce moment-là, on n'a pas mis l'intérêt supérieur de l'enfant au centre de cette réforme", déplore-t-elle dans La Matinale.
En mars dernier, face au Grand Conseil, la Conseillère d'Etat Crystel Graf, désormais en charge du dossier, a assuré avoir entendu l'ensemble des craintes. La décision a donc été prise de ralentir le rythme.
Quant à l'intérêt supérieur des enfants, Marc Dunant, qui est en charge de ces questions au sein du Service neuchâtelois de protection de l'adulte et de la jeunesse, tient à rassurer. "Il y a aucun enfant qui est resté à la rue. Parce que finalement, il y a eu peu de fermetures de places jusqu'à maintenant qui ont eu des conséquences sur la capacité du dispositif", rassure-t-il.