L'accusée, 28 ans au moment des faits, sera jugée par le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone pour "tentatives répétées d'assassinat" et violation de l'article de la loi fédérale interdisant les groupes djihadistes Al-Qaïda et Etat islamique (EI).
Elle est en particulier accusée d'avoir voulu commettre un acte "terroriste" au nom de l'EI, pour venger "le prophète Mahomet" et "les musulmans discriminés par le président français Emmanuel Macron". Elle devra également répondre de l'accusation d'"exercice illicite répété de la prostitution" entre 2017 et 2020.
2017: "Tombée amoureuse" d'un djihadiste
"Tombée amoureuse" sur les réseaux sociaux en 2017 d'un combattant djihadiste en Syrie, l'assaillante avait tenté de le rejoindre mais avait été arrêtée à la frontière turco-syrienne et renvoyée en Suisse.
Souffrant de problèmes psychologiques, elle avait été placée à son retour dans une institution psychiatrique et n'était plus apparue dans des affaires liées au djihadisme.
D'un père suisse et d'une mère d'origine serbe, l'assaillante s'était convertie à l'islam, selon le journal 24 heures, qui souligne que son mariage avec un demandeur d'asile musulman, dont elle est divorcée, a peut-être joué un rôle.
2020: deux femmes attaquées dans un Manor
Le 24 novembre 2020, l'accusée monte au 5e étage, rayon ménage, du grand magasin Manor de Lugano, demander conseil à une employée pour un couteau à pain et choisit une lame dentelée de 21 cm.
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Elle immobilise alors une cliente lui tournant le dos, puis lui fait une entaille d'au moins 10 cm à la gorge qui, selon l'acte d'accusation, s'arrête "à quelques millimètres des gros vaisseaux sanguins". Criant à plusieurs reprises "Allahu Akbar" et "Je vengerai le prophète Mahomet", elle frappe la victime à terre, la blessant aux avant-bras, aux poignets et aux mains.
Elle dirige ensuite la lame vers le visage d'une autre femme, en déclarant "Je suis ici pour l'EI", en référence au groupe djihadiste Etat islamique. La seconde victime réussit à la maîtriser avec d'autres personnes présentes sur les lieux jusqu'à l'arrivée de la police et s'en sort avec une blessure à la main.
2022: un procès rare
La défense va s'appuyer sur son état mental pour réfuter le motif "terroriste", et plaider pour une tentative d'homicide. Le procès pourrait durer jusqu'au 5 septembre. Le verdict pourrait tomber le 19 septembre, mais la date pourrait être modifiée.
Si la Suisse n'a jamais connu d'attentat djihadiste à grande échelle, le pays a subi deux attaques au couteau en 2020: quelques semaines avant l'attaque de Lugano, un ressortissant turco-suisse de 28 ans avait mortellement poignardé un passant dans une rue de Morges (ouest).
De telles attaques sont extrêmement rares en Suisse. Selon Christina Schori Liang, experte en terrorisme auprès du Geneva Centre for Security Policy, une fondation internationale, les cas de personnes endoctrinées en Suisse sont assez rares.
aps avec afp
Les femmes djihadistes, un phénomène extrêmement rare
Si ce n'est pas la première fois qu'une femme prépare un attentat islamiste, en 2016 à Paris, deux radicalisées avaient tenté de mettre le feu à un véhicule près de Notre-Dame, le terrorisme féminin reste très rare. Selon Damien Ferré, fondateur de Jihad Analytics, société spécialisée dans l'analyse du djihad mondial et cyber, "le groupe EI n'a jamais revendiqué d'attaque commise par une femme".
"Des femmes qui passent à l'acte, c'est un fait qu'on n'a pas l'habitude de voir parce qu'une femme dans son engagement ordinaire pour la cause djihadiste, n'est pas censée passer à l'acte violent", explique Géraldine Casutt, sociologue de l'Université de Fribourg, lundi au micro de La Matinale.