L'année 2020, marquée par l'apparition de la pandémie internationale de Covid-19 et son arrivée sur sol helvétique, a connu une hausse globale des décès de 12,4% par rapport à 2019. Le nombre total de décès s'est porté à 76'195, contre environ 70'000 lors d'une année "ordinaire".
Parmi ceux-ci, la maladie provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2 a été "la principale cause de décès de 9294 personnes domiciliées en Suisse", indique le communiqué de l'OFS accompagnant la statistique des causes de la mortalité en 2020.
Interrogé dans le journal de 12h30 sur La Première, Philippe Eggiman, membre du Comité central de la Fédération des médecins suisses (FMH) estime que cette surmortalité n'est pas imputable à une quelconque lenteur dans la réaction des autorités helvétiques. "Cette surmortalité s'observe aussi dans d'autres pays", rappelle-t-il.
L'âge, principal facteur déterminant
Sans surprise, les décès dus au Covid-19 ont majoritairement concerné les personnes âgées. Quelque 8982 personnes de 65 ans ou plus ont succombé à la maladie contre 312 personnes dans la classe d'âge des 0 à 64 ans.
Les femmes étant généralement plus représentées parmi les personnes les plus âgées, l'âge moyen des victimes du Covid-19 se situait à 82,2 ans chez les hommes et à 86,2 ans chez les femmes, précise l'OFS.
Par ailleurs, selon l'indicateur des années potentielles de vie perdues (APVP), qui mesure la mortalité prématurée (avant l'âge de 70 ans) et révèle l'impact d’une maladie chez les personnes relativement jeunes, le Covid-19 a fait perdre 3357 années potentielles de vie aux hommes et 1278 aux femmes.
Les APVP établies par calcul tendent à être faibles, car la limite d’âge retenue (70 ans) est basse au regard de l’espérance de vie moyenne et du fait que le Covid-19 a surtout atteint les personnes âgées. À titre de comparaison, ces valeurs restent toutefois environ 10 fois supérieures aux APVP associées à la grippe.
Les hommes plus fragiles
De manière générale, le surplus de mortalité a touché un peu plus durement les hommes puisqu'elle a concerné 52,7% d'hommes et 47,3% de femmes.
"L’écart entre les sexes s’est surtout fait sentir dans la classe d'âge des 0 à 64 ans. Dans ce groupe, 72,4% des décès sont survenus chez des hommes et 27,6% chez des femmes", fait remarquer l'OFS.
Selon Philippe Eggiman, cette différence s'explique en grande partie par l'importance des co-morbidités, plus présentes chez les hommes en raison d'une propension plus grande à adopter des comportements à risque en matière de santé.
Pas la première cause de mortalité
Toutefois, malgré la forte médiatisation du Covid-19, les maladies cardiovasculaires sont celles qui ont causé le plus de morts en 2020. Par rapport à 2019, elles se situent en hausse de 2,3% chez les hommes (+454 décès) et affichent une quasi-stabilité chez les femmes, avec une hausse de 0,1% (+156 décès).
En revanche, les décès dus aux cancers ont poursuivi leur courbe descendante de 2010 à 2019, puisque le taux de mortalité a diminué de 23,2% chez les hommes et de 11,6% chez les femmes. Cette tendance s'est poursuivie en 2020, puisque les décès dus à cette maladie ont reculé de 3,3% - chez les hommes comme chez les femmes - par rapport à 2019.
ats/jop
Baisse des suicides
La santé mentale a été souvent mise en avant lors des débats autour des mesures sanitaires, en particulier en lien avec l'isolement social et l'angoisse provoquée par le traitement médiatique de la maladie.
Toutefois, selon les statistiques 2020, le nombre de suicides a poursuivi une tendance légèrement à la baisse en 2020: il a diminué par rapport à 2019. Selon l'OFS, 696 hommes et 276 femmes ont mis fin à leurs jours en 2020.
Pour les hommes, le nombre de suicides s'inscrit en baisse de 6,2% par rapport à l'année précédente, tandis que chez les femmes, il est resté identique.
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Impact sur les coûts de la santé 2021?
Pour Philippe Eggiman, une partie des coûts de la santé de l'année 2021, lors de laquelle le coronavirus a été bien moins mortel mais a touché davantage de monde, sera sans doute due à "des centaines de milliers de consultations" liées à ces formes de Covid moins sévères.
"Si tel était le cas, il faudrait peut-être les considérer comme des cas de rigueur. Et à ce moment-là, la hausse des primes qu'on va nous annoncer dans trois semaines serait en partie injustifiée", dit-il.