A Venthône (VS), c'est la fin d'un long combat pour Yves Haenni. Propriétaire d'une maison historique dans le vieux village, il a enfin obtenu l’autorisation de déployer une couverture solaire sur son toit.
"Il nous a fallu deux ans uniquement pour obtenir les autorisations. Ça fait treize ans qu'on travaille sur le projet global énergétique de cette maison. Il faut se battre, être très déterminé. C'est inimaginable le temps que l'on perd dans toute cette paperasse", assure-t-il dans le reportage du 19h30.
Tuiles solaires
La maison de ce particulier se situe dans un quartier classé à l'inventaire fédéral des sites construits d'importance nationale. L'installation de panneaux solaires est interdite. Yves Haenni a donc dû se tourner vers une autre solution: des tuiles solaires fabriquées par une PME vaudoise.
John Morello vante les mérites de son produit. "Les cellules photovoltaïques se trouvent sous un verre résistant à la grêle. Si un panneau solaire produit 200 W/m2, ici c’est 160 W/m2. C’est 20% de moins, mais comme les tuiles solaires sont petites, le design est flexible. On peut couvrir la totalité de la surface du toit", explique le fondateur de Freesuns.
Cette solution est toutefois deux fois plus chère que des panneaux solaires classiques.
Assouplir les critères
Au Locle (NE), Miguel Da Silva a lui aussi dû revoir son projet d'installation solaire. Dans ce site classé à l'Unesco, la surface de pose de panneaux est limitée à 60% de la surface du toit.
"On avait prévu 31 panneaux sur une seule face, au sud. Finalement, on est arrivé avec 29 panneaux, mais sur deux faces. Vingt-cinq au sud et quatre à l'est", explique le Loclois, qui devra se satisfaire d'un rendement moins important.
Nous devons trouver un point d'équilibre avec notre inscription au patrimoine mondial
Pour accélérer le développement des énergies vertes, la ville des Montagnes neuchâteloises tente d’assouplir les critères de l'Unesco. Elle planche sur un nouveau plan directeur, indique le conseiller communal Cédric Dupraz.
"Le but, c'est de faire évoluer les choses pour prendre le tournant des énergies renouvelables. Elles sont une nécessité à l'heure actuelle. Néanmoins, nous devons trouver un point d'équilibre avec notre inscription au patrimoine mondial de l'humanité", souligne l'élu.
A l'heure où chaque kilowattheure compte, l’assouplissement des critères limitant les installations photovoltaïques pèsera aussi dans la balance du tournant énergétique.
Cédric Jordan / Elodie Botteron
Lausanne va accélérer la procédure
Dans le cadre de son plan climat, Lausanne veut dynamiser la réalisation de centrales solaires photovoltaïques sur les toits de la ville. La Municipalité a mis sur pied une procédure simplifiée et rapide concernant plus de 60% des toits.
"On a mené des études qui démontrent que deux tiers des toits ne font aucune opposition entre patrimoine et panneaux photovoltaïques. Dans ces cas-là, nous avons voulu accélérer les choses et on garantit un traitement des demandes dans les 30 jours pour pouvoir ensuite installer rapidement les panneaux solaires", indique Xavier Company, directeur des Services industriels de Lausanne (SiL) lundi dans le 19h30.
Alors qu'une augmentation des tarifs lausannois de l'électricité de plus de 25% se profile et que les marchés internationaux ont connu une hausse de 1200% en 18 mois, "l'objectif pour réduire cet impact, c'est la production propre", a estimé le municipal.
"Nous avons besoin d'économies cet hiver, mais aussi à plus long terme. En parallèle, nous avons besoin de production locale, décentralisée, et il faut maximiser la production, en tout cas dans les villes et sur les toits", conclut-il.