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Les Suisses se sentent en moins bonne santé que pendant la pandémie

Une intelligence artificielle pourrait être capable de dépister les burn-out. [Fotolia - Picture-Factory]
Les Suisses se sentent en moins bonne santé que pendant la pandémie: interview de Francesco Panese / La Matinale / 46 sec. / le 2 septembre 2022
Le bien-être des Suisses a souffert ces deux dernières années. Selon une étude publiée jeudi, 35% des adultes se sentent désormais en mauvaise santé ou malades. Ce taux est plus élevé qu'au plus fort de la pandémie de coronavirus.

Les effets de la crise sanitaire se font toujours plus sentir, selon la troisième étude de l'institut de recherche Sotomo. Alors qu'en 2020, 22% des personnes interrogées disaient ne pas se sentir complètement en forme ou même malades, elles étaient 27% en 2021 et 35% lors du dernier sondage en juin dernier.

Les chercheurs parlent d'une "nation souffrante". La pandémie est aujourd'hui moins au centre de l'attention, alors que la perception de la santé est moins bonne qu'au cours des deux années précédentes. Pour Francesco Panese, professeur de sociologie des sciences et de la médecine à l'Université de Lausanne, "ce sondage nous rappelle que la pandémie a été une épreuve de vulnérabilité".

Une plus grande peur des pandémies

"La pandémie est passée d'un événement aigu et visible à un fardeau chronique et insidieux pour la santé publique", selon l'étude. Pour près de 5% des sondés, une infection au Covid-19 a été la pire expérience de maladie de leur vie. Lors des deux études précédentes, ces pourcentages s'élevaient respectivement à 0,3% et 1,8%.

La peur des pandémies en général a également augmenté depuis l'apparition du coronavirus. Alors qu'en 2020, 38% des personnes interrogées considéraient une pandémie comme un danger durable pour la santé, elles sont désormais 52%. Le Covid long est en outre pris beaucoup plus au sérieux, 44% des sondés jugeant qu'il est sous-estimé.

"On peut dire que la pandémie a été une expérience et une épreuve de vulnérabilité. Celle-ci ne s'est pas uniquement limitée à nos perceptions mais aussi à notre biologie car la pandémie a rendu des biologies plus fragiles", explique Francesco Panese au micro de La Matinale.

Le nombre de jours de maladie est ainsi passé à 4,3. En 2020, il était de 3,3. En 2021, il était tombé à 2,5 en raison de l'obligation de porter un masque et du télétravail. Les auteurs de l'étude expliquent l'augmentation actuelle par des effets de rattrapage ainsi que par davantage d'infections au Covid-19.

Le stress professionnel, la "maladie populaire numéro 1"

Il n'y a pas que le bien-être physique mais aussi le bien-être psychique qui a été pris en compte. Dans ce domaine, les femmes entre 18 et 30 ans sont les plus touchées: 55% d'entre elles décrivent leur bien-être psychique comme moyen ou moins bon, contre 49% l'année précédente.

"Comme toute épreuve, la pandémie a laissé des marques biologiques, sociales et psychologiques. Nous avons été fortement marqués à la fois dans le rapport que nous avons à nous-même et dans la perception que nous avons de nous-même", analyse Francesco Panese.

"Maladie populaire numéro un", le stress professionnel est vu comme le principal problème pour la santé. Les jeunes adultes citent le manque de perspectives comme facteur. Le manque de reconnaissance est aussi le plus souvent cité comme cause de troubles psychiques liés au travail.

>> Ecouter à ce sujet :

Débat entre Anne Donou, Nadia Droz et Vincent Subilia. [RTS - RTS]RTS - RTS
Le grand débat - Bien-être au travail: on pousse le bouchon? / Forum / 18 min. / le 1 septembre 2022

L'étude a été réalisée entre le 14 et le 26 juin 2022 sur mandat de l'assureur maladie CSS. Elle porte sur un panel de 2136 personnes interrogées.

Propos recueillis par Camille Degott

Adaptation web: aps avec ats

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