Silvia Locatelli: "Les compensations pour les femmes prévues dans AVS 21 sont des cacahuètes"
Pas question d'envisager la retraite à 65 ans avant une véritable égalité entre les femmes et les hommes dans le monde du travail, estime la secrétaire régionale d'UNIA Neuchâtel Silvia Locatelli, invitée mercredi dans La Matinale de la RTS. Elle rejette la réforme soumise au peuple le 25 septembre.
Avec la réforme AVS 21, qui prévoit d'augmenter l'âge de la retraite à 65 ans pour tout le monde, les économies se font encore sur le dos des femmes, déplore la secrétaire régionale d'UNIA Neuchâtel Silvia Locatelli. "On essaie de faire supporter aux femmes 7 milliards de francs pour un assainissement prétendu du fonds AVS", estime-t-elle mercredi dans La Matinale de la RTS.
Tant que des améliorations nécessaires ne sont pas obtenues et que l'égalité réelle n'est pas réalisée, l'augmentation de l'âge de la retraite représente une réforme "inique" au détriment des femmes. "Une femme reçoit en général un tiers de rente en moins qu'un homme", note-t-elle. "Et les inégalités salariales n'ont cessé de s'accroître."
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Les compensations: des "cacahuètes"
Le relèvement de l'âge de la retraite des femmes est la mesure-phare du projet AVS 21. Des compensations en fonction du revenu sont prévues pour les femmes proches de la retraite au moment de l'entrée en vigueur du projet. "Les compensations ont été rabotées par le Parlement à majorité de droite. Ce sont des cacahuètes qu'on essaie de nous vendre comme un miroir aux alouettes", souligne la secrétaire syndicale.
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Parallèlement au relèvement de l'âge de la retraite des femmes, la réforme prévoit une augmentation du taux de TVA. Une mesure qui devrait rapporter environ 1,4 milliard par an.
Le Conseil fédéral évoque un besoin de financement sur les dix prochaines années d'environ 18,5 milliards de francs. Un argument réfuté par Silvia Locatelli: "Les chiffres de la faillite de l'AVS, ça fait plus de vingt ans qu'on nous les sert. L'AVS est bénéficiaire de 2,5 milliards de francs. Ce n'est pas rien. De ce point de vue, cette réforme est inutile, et il y a d'autres solutions. Il faut s'attaquer au niveau des rentes. Personne n'en parle."
Les sexagénaires davantage touchés par le chômage
Et d'ajouter: "En Suisse, on met beaucoup plus d'énergie à nous faire croire que l'AVS est en faillite, plutôt que de mettre en place des mesures pour l'égalité. C'est scandaleux dans l'un des pays les plus riches du monde!" La secrétaire syndicale indique que l'AVS pourrait bénéficier de 9 milliards de francs supplémentaires s'il y avait une égalité salariale entre les hommes et les femmes.
Elle met également en avant que les travailleurs de 60 à 64 sont "particulièrement touchés par le chômage", "malgré le tassement lié aux pénuries, qui sera vraisemblablement temporaire". "Est-ce qu'on veut vraiment augmenter l'âge de la retraite artificiellement, alors qu'une partie des gens se retrouveront au chômage?", s'interroge-t-elle.
La population votera deux fois le 25 septembre, une fois sur la réforme AVS 21 et une fois sur l'augmentation de la TVA. Pour que ces objets passent, un double oui est nécessaire, car l'augmentation de la TVA ne peut entrer en vigueur que si le peuple accepte l'autre mesure, et vice versa.
>> La réforme AVS 21 résumée par Rouven Gueissaz dans le 19h30 :
Propos recueillis par David Berger/vajo
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La réforme de l'AVS: dix révisions et de nombreux échecs
La loi fédérale sur l'assurance vieillesse et survivants (AVS) est entrée en vigueur en 1948. Elle a déjà vécu dix révisions. De nombreuses tentatives ont échoué soit au Parlement, soit devant le peuple.
La dernière révision de l'AVS remonte à 1997. Elle a permis l'introduction de la rente individuelle et la bonification pour les tâches éducatives et d'assistance. La rente de veuf a été introduite lors de cette réforme.
L'âge de la retraite des femmes a été progressivement relevé à 63 ans en 2002, puis à 64 ans en 2005. Ces deux derniers relèvements, décidés dans le cadre de la 10e révision de l'AVS, ont été âprement combattus par les syndicats via trois initiatives populaires.
Elles ont toutes été rejetées par le souverain. Une quatrième tentative de l'Union syndicale suisse pour une retraite flexible dès 62 ans a également été balayée par 58% des votants en 2008. La onzième révision de l'AVS a échoué à deux reprises.
>> Retour sur l'histoire de l'AVS dans le 19h30 :
