Face à la guerre en Ukraine, le Conseil fédéral veut renforcer sa coopération avec l'OTAN
En attaquant militairement l'Ukraine, la Russie a détruit les fondements d'un ordre de paix en Europe qui reposait sur des règles précises, écrit le gouvernement dans un communiqué.
Les armées européennes se réorientent vers la dissuasion et la défense contre une attaque militaire et vers la guerre conventionnelle. Une nouvelle dynamique de coopération entre Etats européens est en marche.
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Participation de l'armée
La Suisse doit en tenir compte pour renforcer sa propre capacité de défense, estime le Conseil fédéral. Dans cet esprit, le rapport complémentaire au rapport sur la politique de sécurité 2021 présente les possibilités de développement de la coopération avec l'OTAN et l'UE.
Concrètement, il s'agit de "participation renforcée à des exercices, une extension de la capacité de coopération militaire, une intensification du statut de partenariat avec l'OTAN et une participation de l'armée à des formations de l'UE pour des opérations de sauvetage ou d'évacuation".
"Lacunes critiques"
Parallèlement à la coopération, la modernisation de l'armée suisse doit être accélérée, souligne le rapport. Le Département fédéral de la défense (DDPS) se dit satisfait de la planification des capacités dans les domaines de conduite, de cyberdéfense de mobilité et d'appui contre des attaques aériennes.
Mais des lacunes critiques existent en matière de défense antichar. Les capacités à tenir un conflit sur la durée, notamment en ce qui concerne les stocks de munitions, sont aussi insuffisantes.
Réaction de la droite
Le DDPS "envisage d'acquérir des missiles sol-sol de longue portée". Il veut aussi réclamer plusieurs centaines de millions de francs pour des stocks de munitions et de missiles avec le programme d'armement 2023.
La guerre en Ukraine a fait réagir la droite du Parlement dès mars. Les Chambres ont notamment adopté une motion, soutenue par le Conseil fédéral, exigeant que les dépenses annuelles de l'armée atteignent 1% du PIB au plus tard en 2030, soit entre 7 et 9 milliards de francs selon l'évolution.
ats/hkr
Rapport sur la neutralié attendu
Les sanctions prises contre la Russie ne sont pas incompatibles avec la neutralité suisse. Le Conseil fédéral a discuté mercredi d'un très attendu rapport sur la question. Elaboré en réponse à un postulat des commissions de politique extérieure du Parlement, il doit être présenté à l'automne.
Le Conseil fédéral estime que la politique de neutralité, telle qu’elle a été définie et pratiquée depuis le rapport sur la neutralité de 1993, garde sa validité. Elle laisse suffisamment de marge de manœuvre à la Suisse pour réagir aux événements que traverse le continent européen depuis le début de la guerre en Ukraine.
Les décisions prises par le Conseil fédéral depuis le début du conflit en Ukraine, comme la reprise des sanctions de l’Union européenne envers la Russie, sont compatibles avec la politique de neutralité de la Suisse, souligne le gouvernement.
OTAN et livraisons d'armes
Parmi les points traités dans le rapport, le DFAE se penche sur la question d'une adhésion de la Suisse à l'OTAN. Si une adhésion totale n'est pas possible en raison de l'obligation d’assistance à laquelle sont soumis les membres, les auteurs du rapport souhaitent examiner des formes de collaboration plus étroite avec l’OTAN et leur compatibilité avec la neutralité.
Un autre point important du rapport touche à la livraison d’armes. Selon le DFAE, si la Suisse voulait à l’avenir livrer des armes à certains pays, elle devrait vérifier la marge d’appréciation dont elle dispose au regard de la neutralité, sans en enfreindre le droit ni perdre la crédibilité nécessaire pour être perçue comme un Etat neutre.