Les escroqueries au faux support informatique sont en hausse en ce moment, déclarait le concordat latin des polices cantonales dans un récent communiqué. Ces cyberattaques ont déjà permis à leurs auteurs de dérober plus d'un million de francs depuis le début de l'année. Les dégâts financiers peuvent être importants pour les victimes.
Le Centre national pour la cybersécurité (NCSC) a lancé la semaine passée une nouvelle campagne de prévention, nommée S-U-P-E-R, afin de sensibiliser aux cyberattaques.
Procédé intrusif et inquiétant
"J'étais en train de regarder quelque chose qu'une nièce m'avait envoyé. Quand tout à coup, une page a surgi sur mon écran, et elle disait que mon ordinateur avait été piégé et que je risquais de perdre toutes mes données", raconte Liliane Jordan, victime d'un faux support informatique. Une voix féminine assez forte lui disait de ne pas éteindre son ordinateur et d'appeler le numéro d'urgence indiqué à l'écran.
La technique des arnaques au faux support informatique reproduit généralement le même procédé. Une fenêtre ou pop-up s'ouvre sur l'ordinateur et indique que celui-ci ou ses données ont été corrompus. Le message, proche de l'annonce publicitaire dans son format, est parfois accompagné d'une alarme sonore. Il incite à appeler urgemment un numéro d'assistance informatique - factice, évidemment.
Une fois le numéro composé, Liliane Jordan tombe sur un homme, français selon elle. "Il voulait sécuriser mon ordinateur qui avait été piégé, afin que je ne perde pas toutes mes photos et de la documentation diverse", se remémore-t-elle. Il lui a demandé si elle avait une carte de débit. "Idiote, j'ai répondu oui. Il m'a ensuite volé 850 francs."
Il demande à la victime de se connecter à l'e-banking et, sous prétexte de nettoyage informatique, il réalise des virements conséquents. Quand il a terminé, il n’y a plus rien sur votre compte.
Les seniors particulièrement visés
Le profil type des victimes est connu des services de police. Il s'agit majoritairement de Romands, car la plupart des escrocs parlent français. Les victimes ont plus de 65 ans et elles ont généralement des connaissances informatiques plutôt superficielles. "Les gens sont mis en confiance, mais sont souvent un peu stressés, car ils ne maîtrisent pas nécessairement l'informatique", indique Pierre Lötscher, chef adjoint de la brigade financière de la police fribourgeoise.
"Les sommes demandées varient de quelques centaines de francs à plusieurs milliers." Certaines situations sont assez graves, notamment lorsque l'escroc prend le contrôle de l'ordinateur. "Il demande à la victime de se connecter à l'e-banking et, sous prétexte de nettoyage informatique, il réalise des virements conséquents. Quand il a terminé, il n'y a plus rien sur votre compte", explique le chef adjoint.
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Travail de longue haleine
Les chances de revoir son argent sont très faibles. Cependant, la justice compte sur le dépôt de plainte pour augmenter la probabilité d'identifier les arnaqueurs et les punir. Séverine Roubaty, procureure au Ministère public vaudois et responsable de la cellule criminalité informatique, mise sur la traçabilité des arnaqueurs. "Un escroc qui utilise des moyens d'anonymisation peut subir un problème technique, ce qui nous permet de remonter à lui. Parfois, il oublie aussi de se protéger."
Il s'agit d'un travail de longue haleine. Mais dans bien des cas, les auteurs sont à l'étranger, dans des pays où l'entraide judiciaire est compliquée. Plusieurs demandes de la police vaudoise ont été envoyées en Inde, par exemple, mais elles sont restées jusque-là sans réponse.
Muriel Ballaman/rad