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Josef Zisyadis: "Il faut que la Suisse figure sur la carte mondiale du goût"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Josef Zisyadis, directeur de la Semaine du goût
L'invité de La Matinale (vidéo) - Josef Zisyadis, directeur de la Semaine du goût / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 11 min. / le 16 septembre 2022
Dix-neuf organisations lancent un appel pour que la Suisse se positionne comme une destination mondiale du goût. "Il faut que le tourisme suisse se réoriente complètement", plaide Josef Zisyadis, directeur de la Fondation pour la promotion du goût.

Dans un manifeste, GastroSuisse, HôtellerieSuisse ou encore Bio Suisse unissent leurs forces pour promouvoir une Suisse gourmande. Si notre pays regorge de "joyaux" culinaires, ceux-ci sont encore souvent méconnus, déplore Josef Zisyadis.

"Dans le monde, il y a de nombreuses destinations gourmandes, comme l'Italie, la France, les pays nordiques ou même le Pérou. La Suisse ne figure pas tellement sur cette carte mondiale du goût. Avec cette démarche, nous encourageons le tourisme suisse à s'intéresser davantage aux destinations périphériques, gastronomiques et locales. Il faut qu'on sorte des grands schémas touristiques habituels", estime l'ancien conseiller national vendredi dans La Matinale.

Patrimoine alpin

L'épicurien vaudois rappelle que le patrimoine culinaire alpin pourrait bientôt entrer à l'Unesco. "L'Allemagne, l'Autriche, la Slovénie, l'Italie, la France et la Suisse ont des traditions communes. Des coteaux en terrasse, la transhumance, un savoir-faire pour les fromages notamment. En 2024, ce patrimoine sera reconnu et la Suisse devra être prête. Avec ce manifeste, nous voulons préparer ce qui sera peut-être la grande destination du futur."

Pour ce faire, Josef Zisyadis envisage de remettre au goût du jour un vestige... du passé. L'ex-élu du POP veut faire renaître un groupe parlementaire spécialement dédié aux questions gustatives. "Ce serait une idée pour être en appui de ce manifeste. J'espère que d'ici quelques mois nous allons pouvoir recréer ce groupe parlementaire du goût. Quand je l'ai créé en 2007 il était important, il a réuni jusqu'à 130 parlementaires", se souvient-il.

"Notre assiette devra se transformer"

Les signataires du manifeste - dont Suisse Tourisme ne fait pas partie - s'engagent à défendre "des produits authentiques, reflets de la saisonnalité, cultivés, confectionnés ou approvisionnés éthiquement et en respect de notre environnement", selon le texte.

Josef Zisyadis insiste sur cette notion environnementale et la nécessité de changer nos habitudes alors que la planète se réchauffe. "Les enjeux alimentaires sont ceux de l'urgence climatique. Demain, il faudra que notre assiette se transorme. Celle que nous mangeons aujourd'hui n'est pas viable. Il faudra qu'on apprenne à manger autrement, d'autres produits. Mais tout cela devra se faire avec le plaisir du goût", relève le Vaudois.

"S'il faut manger moins de viande, on devra aussi réapprendre ce qu'est un animal. On voit des bouts de bidoche dans des plastiques et on ne sait même plus d'où vient la partie qu'on va manger. Si ça ne s'apprend pas à l'école dès le plus jeune âge, on n'arrivera pas à préparer l'assiette de 2030."

Propos recueillis par Frédéric Mamaïs/gma

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Semaine du goût

La Semaine du goût a été lancée jeudi dans toute la Suisse. Jusqu'au 25 septembre, l'événement populaire veut faire rimer alimentation durable et plaisir de manger.

"Il y a 22 ans, nous avions 140 événements. Aujourd'hui, 2800 sont prévus dans toute la Suisse", se réjouit Josef Zisyadis, directeur de la manifestation.

Le programme de cette 22e édition fait la part belle aux enfants et aux jeunes. De nombreux événements leur sont dédiés, comme des visites à la ferme, des ateliers ou des cueillettes sauvages. Des restaurants transformeront aussi n'importe quel plat pour adultes en version pour bambins. Les écoles sont par ailleurs encouragées à célébrer la Semaine du goût avec les élèves.