Les loyers commerciaux de 5 ans sont en effet indexés sur l'indice des prix à la consommation, qui a augmenté de 3,5% en un an. Les propriétaires peuvent donc reporter cette hausse sur leurs locataires. Et ils commencent à le faire.
L'exemple des librairies Payot
Pascal Vandenberghe, patron des librairies Payot, l'a appris à ses dépens. Interrogé dans La Matinale de la RTS, il raconte: "On a reçu une augmentation forte d'un de nos principaux loyers il y a quelques semaines. On se dit que ça va devenir la généralité. C'est très embêtant, parce qu'on a déjà des charges d'électricité, incompressibles, qui explosent l'année prochaine, une forte pression sur les commerces et les entreprises pour la revalorisation des salaires, plus une augmentation des loyers, ce qui commence à faire vraiment beaucoup".
Une seule librairie de Payot à Genève est actuellement concernée. Mais si les loyers des autres succursales augmentent, l'entreprise estime que cela lui coûtera 200'000 francs de plus par année. Plusieurs autres commerces ont reçu ces dernières semaines des adaptations similaires, avec toujours la même explication. La situation inquiète donc les commerçants.
Des augmentations compréhensibles?
Olivier Feller, directeur de la Chambre vaudoise immobilière, dit comprendre ces augmentations: "Lorsque que le coût de la vie augmente, le locataire doit s'attendre à une augmentation des loyers si c'est ainsi que le contrat de bail est conçu", fait-il valoir.
Pourquoi demande-t-on aux propriétaires de faire des efforts?
"Pourquoi demande-t-on aux propriétaires de faire des efforts, pourquoi ne demande-t-on pas aux distributeurs d'électricité, aux fournisseurs de matières premières, aux assureurs, aux banques, de faire des efforts en faveur des commerces?", s'interroge-t-il dans La Matinale de la RTS lundi.
L'Asloca monte au créneau
Cette hausse ne sera pas la seule pour les PME. L'association des locataire (Asloca) estime que les charges de chauffage et l'électricité pourraient augmenter de 20% à 50% en 2023. Elle estime donc que les propriétaires ont intérêt à ne pas mettre les commerces en difficulté. Au risque d'être perdants au final si ceux-ci ne sont plus en mesure de payer leur loyer.
Pour César Montalto, président de l’Asloca Vaud et avocat spécialiste en droit du bail, cette hausse des loyers commerciaux est dangereuse. "C'est comme lorsqu'on exigeait du locataire qu'il paie son loyer pendant la période Covid. On met en péril, au fond, la survie économique du locataire".
Le locataire n'est pas le dindon de la farce
Pour l'avocat, le propriétaire lui-même se retrouvera finalement perdant: "Le propriétaire met en péril l'existence même du contrat de bail, parce qu'il met en péril la pérennité des affaires du locataire. C'est la raison pour laquelle les bailleurs ont meilleur temps de réfléchir à deux fois avant de sauter sur l'occasion. Ils vous diront que l'occasion fait le larron, mais au fond, le locataire n'est pas le larron, et le locataire n'est pas non plus le dindon de la farce", dénonce l'avocat vaudois.
Sujet Radio: Loïc Delacour
Adaptation web: Julien Furrer