La hausse des primes maladie est due au rattrapage post-Covid, selon la patronne de CSS Philomena Colatrella
Alors que les primes maladie pour l'année 2023 doivent être communiquées très bientôt par l'Office fédéral de la santé publique, une forte augmentation des prestations a d'ores et déjà été annoncée.
L'année prochaine, la hausse des primes pourrait atteindre 10%, selon la faîtière Santésuisse, qui a appelé début septembre à une action rapide pour corriger le tir.
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Des séquelles de la pandémie
A la CSS, les primes maladie ont baissé de 0,9% en 2021 et de 2,8% en 2022.
Le recul des prestations lors de ces deux années est notamment dû à l'arrêt des interventions chirurgicales non urgentes décrété lors de la pandémie, a expliqué Philomena Colatrella, directrice de la plus grande assurance maladie suisse, la CSS, invitée lundi dans l'émission Big Boss de la RTS.
"Maintenant, nous avons une situation habituelle, qui correspond à celle d'avant la pandémie, mais en plus, nous avons un rattrapage", a souligné la responsable. Les coûts augmentent dans différents domaines de la santé, principalement dans les soins ambulatoires hospitaliers, la physiothérapie et la psychothérapie, ainsi que dans les soins à domicile.
Cette hausse des coûts est en partie due aux séquelles du Covid, notamment le Covid long. "Nous avons également constaté dans un sondage que les gens se sentent plus malades qu'avant et que les personnes entre 20 et 25 ans ont des problèmes psychiques. Il y a donc un rattrapage physique et psychique", a aussi indiqué la patronne de CSS.
Les réserves doivent être protégées
Interrogée sur la possibilité de puiser dans les réserves des caisses maladie pour compenser la hausse massive des primes à venir et au vu de l'inflation actuelle, Philomena Colatrella ne s'est pas montrée convaincue.
"A cause de l'augmentation des coûts de la santé et de la chute des marchés financiers, nos réserves ont diminué", a-t-elle affirmé, sans toutefois préciser dans quelle mesure exactement pour CSS. Pour l'ensemble des caisses maladie, ces réserves qui se montaient à 11,5 milliards l'an dernier auraient "diminué de près d'un tiers", selon elle.
Il est par ailleurs important de préserver un socle de réserves solide pour les périodes comme celles de la pandémie de Covid-19, estime aussi la directrice de l'assurance.
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Propos recueillis par Patrick Fischer
Adaptation web: Isabel Ares
Le plafonnement des salaires des directions n'est pas "le levier le plus important"
Le Conseil national a récemment adopté une motion visant à plafonner le salaire des dirigeants des caisses maladie. Le texte demande un plafond à 250'000 francs par an. Le salaire de la directrice de l'assurance CSS, lui, pourrait avoisiner les 800'000 francs.
"C'est en dessous de ça. Et c'est le calcul global, avec notamment la LPP", a-t-elle répondu dans l'émission Big Boss, interpellée sur la question. Avant de douter du fait qu'une telle mesure constitue le levier le plus important pour contenir les coûts de la santé, "dans un marché de 30 milliards".
"Il faut aller de l'avant avec les mesures et les réformes qui ont un impact important sur ces coûts", a ajouté Philomena Colatrella, qui a aussi rappelé le travail fourni par les dirigeants visés par la motion du National.