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Migration illégale: "La Suisse devient de plus en plus un pays de transit"

Un sommet à Sarajevo pour la gestion de flux de migration des Balkans; interview de Karin Keller-Sutter
Un sommet à Sarajevo pour la gestion de flux de migration des Balkans; interview de Karin Keller-Sutter / Forum / 6 min. / le 20 septembre 2022
La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a participé mardi, à Sarajevo, à un sommet sur la hausse de la migration irrégulière. Un mouvement qui s'observe notamment sur la route des Balkans et qui affecte aussi la Suisse, a expliqué la ministre de justice (DFJP) et police dans Forum.

Le nombre de migrants arrivant par la route des Balkans est à nouveau en forte hausse: "En Europe, on enregistre le même nombre de réfugiés qu'en 2015 et 2016, lors de la crise migratoire", a indiqué Karin Keller-Sutter. Ce nouvel élan s'explique notamment par la fin de la pandémie de Covid-19 qui avait freiné les flux: "Il s'agit avant tout de personnes qui étaient en Turquie et en Grèce (...) Elles voulaient se rendre en Europe centrale mais ne pouvaient pas voyager."

Et si beaucoup de réfugiés choisissent la voie des Balkans, ce n'est pas par hasard, selon la conseillère fédérale. Certains pays comme la Serbie permettent l'entrée, sans visa, de certaines nationalités sur leur territoire. C'est le cas de citoyens indiens, burundais, tunisiens ou cubains: "Ils atterrissent à Belgrade puis, par le biais de passeurs, franchissent la frontière de la Hongrie, de l'Autriche et de la Suisse", a illustré Karin Keller-Sutter.

Généralement, ce mouvement ne semble toutefois pas terminer sa course sur le sol helvétique: "La Suisse devient de plus en plus un pays de transit. Il y a beaucoup de monde qui entrent sur sol helvétique, mais qui transitent ensuite vers le Royaume-Uni, l'Allemagne ou la France."

Soutien aux renvois

La conseillère fédérale a également souligné le soutien de la Suisse aux pays des Balkans dans la gestion de la migration irrégulière. Cela inclut le renvoi de certaines personnes. La Bosnie-Herzégovine, par exemple, a organisé pour la première fois cette année un vol de retour directement vers le Pakistan, avec qui elle a un accord.

Une mesure qui profite à la Suisse, selon Karin Keller-Sutter: "Il s'agit d'une migration illégale. La Suisse attribue une protection aux personnes qui en ont besoin. Mais il y a beaucoup de personnes qui veulent venir en Suisse, ou dans l'espace Schengen, qui ne remplissent pas la qualité de requérant d'asile. La Suisse soutient beaucoup les efforts des Balkans (...) On veut empêcher la migration illégale vers Schengen et aussi vers la Suisse."

Aides aux centres d'accueil

La Confédération appuie aussi l'hébergement dans certains pays comme la Bosnie-Herzégovine: "En période d'hiver, il y a des soucis pour loger ces personnes. Nous soutenons particulièrement les centres d'accueil pour avoir des logements qui correspondent à la protection internationale."

La Suisse prévoit d'ailleurs d'étendre son aide à d'autres Etats de la région. "Nous avons depuis de longue date des relations privilégiées avec la Bosnie-Herzégovine. Nous avons aussi un partenariat de migration avec la Serbie et le Kosovo. Nous allons bientôt signer un partenariat de migration avec la Macédoine du Nord."

Propos recueillis par Mehmet Gultas

Adaptation web: Mathieu Henderson

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Hausse des demandes d'asile

Si la Suisse est un pays de transit pour de nombreux migrants, le nombre de demandeurs d'asile a tout de même augmenté. Jusqu'à fin août, 12'362 dépôts ont été enregistrés, selon des chiffres du Secrétariat d'Etat pour les migrations (SEM). "On a eu à peu près 2000 demandes pour le seul mois d'août", a précisé Karin Keller-Sutter.

Le SEM prévoit d'ailleurs un total de 19'000 demandes d'ici la fin de l'année, soit 2500 supplémentaires que prévu initialement.