Dossier électronique du patient: la communication entre plateformes encore impossible
Abilis, la coopérative professionnelle des pharmaciens suisses, lance sa version du Dossier électronique du patient (DEP). Une plateforme agréable au premier abord, mais dont le test révèle un problème de taille: le nouveau système des pharmacies ne communique pas encore avec les autres systèmes en fonction en Suisse romande, adoptés par des hôpitaux et des médecins. Cela est pourtant l'objectif principal du dossier électronique du patient.
Le test réalisé par l'émission On en parle révèle plusieurs problèmes liés à la plateforme. Seules deux pharmacies à Peseux (NE) et à Bulle (FR) permettent pour l'instant d'ouvrir un DEP Abilis, alors qu'à terme 500 pharmacies devraient pouvoir le faire. Plutôt conviviale et pratique, notamment grâce à une application mobile en plus d'un portail web, l'interface affiche pourtant un message d'erreur et des traductions plutôt incertaines.
Fichiers PDF standards incompatibles
Il est par ailleurs impossible pour l'instant d'enregistrer des documents en format PDF standard dans le dossier électronique du patient, puisque seul le format PDF/A, exigé par les spécifications de l'organe de la Confédération eHealth Suisse, est autorisé. Interrogée par On en parle, Abilis explique qu'un convertisseur intégré devrait toutefois permettre d'accueillir tout type de fichier PDF sur le DEP prochainement.
Impossibilité de se relier au CHUV et aux autres communautés
Enfin et surtout, il est impossible, depuis son dossier Abilis, d'échanger des documents avec le réseau hospitalier neuchâtelois, le CHUV ou des médecins puisqu'ils ne figurent pas dans les listes des institutions de santé proposées. Abilis n'est en effet pas encore connectée aux autres plateformes romandes. L'interopérabilité promise par le Dossier électronique du patient est donc impossible pour l'instant. Seules les communautés de références Cara et Mon dossier santé communiquent entre elles car elles utilisent le même fournisseur, La Poste.
"La mise en réseau de toutes les communautés va durer probablement encore quelques mois", précise e-Health Suisse, Centre de compétences et de coordination de la Confédération et des cantons, interrogé par On en parle.
Une seule architecture suffirait
"Cela fait deux ans que nous critiquons ce système qui ne peut pas fonctionner tel qu'il a été prévu et qui est beaucoup trop coûteux" explique Samuel Eglin, chef de projet de la plus grande communauté de Suisse Xsana (15 cantons alémaniques dont Berne) qui préconise une seule architecture au lieu des quatre actuelles.
Samuel Eglin suggère également d'instaurer le principe d'"opt out". Avec ce système d'inscription par défaut, chaque personne qui s'affilie à l'assurance maladie de base recevrait automatiquement son accès au dossier électronique du patient. "Un principe gagnant selon l'expérience des pays qui nous entourent", explique Samuel Eglin, "puisque seuls 5% de la population décide de supprimer son DEP et les coûts pour simplement supprimer un DEP sont bien moins chers."
Sujet radio: Frédérique Volery et Bastien Von Wyss
Adaptation web: MS