Chaleur oblige, les vendanges ont été précoces cette année. Fin août, les vignerons s'activaient déjà dans les vignobles de Suisse romande. Dans la plupart des parcelles, le travail s'est terminé en cette dernière semaine de septembre.
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Pour annoncer la qualité du millésime 2022, les professionnels du vin des différents cantons viticoles rivalisent de lyrisme: "excellent", "incroyable" voire "fantastique"... Cette année a redonné le sourire aux vignerons, sourire qu'ils avaient perdu l'été dernier avec une récolte 2021 historiquement faible, notamment en raison du gel en avril puis d'un été particulièrement arrosé.
Les feux sont au vert
"Il y a une belle embellie au bout du chemin! La récolte est en cave et elle est magnifique. Et vu la mini-récolte qu'on a eue l'année passée, les stocks ont diminué un peu. Tous les feux sont donc au vert. Maintenant, il faut continuer à consommer local" (lire encadré), a réagi la coprésidente de la fédération valaisanne des vignerons Anne-Laure Décaillet mardi dans La Matinale de la RTS. Mais 2021 n'est pas enterrée pour autant: les difficultés financières de l'an dernier "ne sont pas dans le rétroviseur", tempère-t-elle. "On ne peut pas gommer une mauvaise année comme ça."
Sec et très chaud, l'été 2022 a constitué une source d'inquiétude, même si elle était bien moindre que l'an dernier. Le raisin est arrivé à maturité très tôt, mais le temps sec a empêché la pourriture et l'a mis à l'abri de certaines maladies. "Par rapport au millésime 2021, qui a été pris par le mildiou à cause des conditions climatiques, on a cette année un état sanitaire parfait", a confirmé Fabio Penta à la RTS. Il est l'un des trois patrons d'"Oeonologie à façon", une entreprise qui vinifie le vin des viticulteurs qui ne sont pas encaveurs, à Perroy sur la Côte vaudoise.
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Selon lui, le vin 2022 sera de qualité, avec un niveau de sucre "dans la bonne moyenne". Petite particularité de cette année, le taux d'acide malique est bas. "On aura donc certainement des vins qui seront très tendres, qui vont plaire", estime-t-il. Quant à la quantité, elle est dans la moyenne des dix dernières années. "Pour ce qui est des volumes, je pense que les gens sont contents. Au niveau du canton de Vaud, dans les blancs, on va s'approcher des quotas [maximaux admis]", poursuit l'encaveur.
Les vignerons ont appris à travailler avec la canicule
En Valais, l'Interprofession de la vigne et du vin avance une estimation de 33 millions de litres. A Genève ou dans le canton de Vaud, on table aussi sur une production dans la moyenne décennale, mais plutôt dans la moyenne basse, car un tiers du vignoble suisse a souffert de la sécheresse, ce qui a eu des incidences sur les rendements. La canicule a donc eu des effets à la fois positifs et négatifs.
Après les canicules de 2003 et de 2015, cependant, les vignerons ne se font plus surprendre. Ils ont appris à travailler avec le nouveau contexte climatique et parviennent à fournir, même dans ces conditions-là, des vins équilibrés avec une production maîtrisée, souligne le directeur de la station viticole de Neuchâtel.
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Sujet radio: Xavier Alonso, Fabrice Gaudiano
Adaptation web: Vincent Cherpillod
Recul de la consommation de vin suisse redouté
Ces deux dernières années, la pandémie de Covid-19 a dopé les ventes des vins suisse dans le pays. Mais selon le responsable de l'Observatoire suisse du marché des vins Alexandre Mondoux, cette situation risque de ne pas durer.
"On attend les chiffres, mais on a l'impression que ça retourne à la normale", a-t-il observé mardi dans La Matinale. "On est dans un contexte d'inflation. Ca risque de faire baisser le pouvoir d'achat des consommateurs suisses, qui risquent donc de se rediriger vers des vins étrangers, un peu moins chers", redoute-t-il.
En 2021, sur les quelque 254 millions de litres de vin consommés en Suisse, 89 millions étaient suisses, soit un peu plus d'une bouteille sur trois (35,1%).