Pour les réformés, catholiques-chrétiens et catholiques romains, la "culture religieuse" ou "science des religions" doit être une branche enseignée à tous les gymnasiens du pays, aux côtés des mathématiques, du français ou de l'allemand. Ce qui est le cas par exemple à Fribourg mais pas dans tous les cantons. Or pour ces acteurs institutionnels, il faut qu'elle devienne une discipline fondamentale dans tous les cursus du pays.
Ces Eglises viennent d'envoyer leur position commune en ce sens au Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR) qui mène une consultation publique en vue de sa réforme de la loi sur la maturité.
Pour aiguiser un regard critique…
Selon Bettina Beer, chargée de ces questions auprès de l'Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS), les jeunes doivent avoir des compétences dans le domaine religieux puisqu'ils vivent aujourd'hui au sein d'une société multiculturelle. Une telle branche participe à leur ouverture d'esprit, à leur regard critique et à leur capacité de jugement.
Des connaissances sur le christianisme comme sur les autres religions présentes en Suisse et ailleurs servent la compréhension du monde, le dialogue, la cohésion sociale. Et il s'agit aussi d'un processus de formation continue qui permet de lutter contre tout fondamentalisme, voire contre tout obscurantisme.
… et se positionner avec discernement
Difficile à dire si cette prise de position a du poids. Les Eglises restent un acteur institutionnel important, mais il se peut que les directions cantonales d'instruction publique soient d'un autre avis qu'elles.
Cela dit et d'après Bettina Beer, il n'est pas fréquent que l'EERS, les catholiques-chrétiens et les catholiques romains se mobilisent ainsi tous ensemble. C'est dire que l'enjeu pour ces Eglises est suffisamment important, à l'heure où, d'une part, de nouvelles formes de religion émergent pour lesquelles des outils de discernement sont nécessaires; et à l'heure où, d'autre part, les jeunes ont toujours moins de culture religieuse et où l'analphabétisme en la matière guette.
C'est pourquoi elles ont titré leur communiqué de presse par les mots "Se former aux religions, c'est se former pour la vie". Car il s'agit de pouvoir se positionner une fois adulte dans le monde complexe des croyances et des spiritualités.
La consultation du DEFR est ouverte jusqu'à fin septembre.
Gabrielle Desarzens/RTSreligion