La plupart des compteurs des habitations ne sont pas capables de donner la consommation électrique par jour, par semaine ou par mois. Ces appareils arrivent seulement à chiffrer le courant qui a été utilisé depuis le dernier relevé.
Le fournisseur d'électricité divise alors la consommation annuelle par 360, pour pouvoir ensuite appliquer le tarif 2022 aux jours de 2022, et le tarif de 2023 - qui sera bien plus élevé - aux jours de 2023. Cette façon de compter n'est pas un problème pour les personnes qui ont une consommation stable. Toutefois, pour les ménages qui consomment beaucoup plus ou beaucoup moins d'une année à l'autre, cela peut engendrer des injustices.
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Des gagnants et des perdants
Les personnes pénalisées sont celles qui seront longtemps absentes de leur logement en 2023. Etant en voyage à l’étranger ou à l’hôpital, elles ne devraient normalement pas payer de courant durant cette période. Mais comme les compteurs ne savent pas quels jours de l’électricité est utilisée, ces personnes paieront malgré tout du courant consommé en 2022, au tarif plus élevé de 2023.
Les personnes reliées à des panneaux solaires à partir de l'année prochaine sont aussi perdantes. Au final, elles gagneront de l’argent vu qu’elles achèteront moins d’électricité. Mais là aussi, faute de décomptes précis, du courant 2022 pourrait leur être facturé au tarif 2023. Cela dépend toutefois des fournisseurs d’électricité: Groupe E remet les compteurs à zéro lors de l’installation d’un panneau solaire, tout comme la Romande Energie dans la plupart des cas.
Les gagnants seront celles et ceux qui rouleront avec une voiture électrique seulement à partir de l'année prochaine. Au jeu des moyennes, leur consommation supplémentaire profitera en partie des tarifs plus avantageux de 2022.
Une solution existe
Les perdants du système peuvent transmettre fin décembre l'état de leur compteur à leur fournisseur d'électricité. Plusieurs le permettent, moyennant parfois le paiement d'une petite taxe.
A noter que ces injustices n'existeraient pas si les fournisseurs avaient déjà déployé partout les nouveaux compteurs intelligents, capables de calculer la consommation au jour le jour. La loi les y oblige depuis 2017, mais ils ont jusqu'à 2027 pour le faire.
Romain Carrupt/asch
Obliger les décomptes individuels?
Les Vert'libéraux et le Centre veulent rendre obligatoires les décomptes individuels de chauffage pour tous les appartement locatifs du canton de Neuchâtel. Ils viennent de déposer un projet de loi au Grand Conseil.
Leur objectif: que chaque ménage paye pour ce qu'il consomme, les incitant ainsi à faire davantage attention. Selon des études, ce système individualisé permet des économies de 15 à 20%.
Interrogée dans La Matinale, la députée vert'libérale Mireille Tissot-Daguette estime que c'est le bon moment d'obliger les propriétaires à agir.
"La situation actuelle oblige à prendre conscience que les économies d'énergie doivent être réalisées rapidement et que c'est le moment d'agir. Et je pense que, pour les locataires, c'est important d'avoir leur facture exacte", relève l'élue.
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