Infrastructures, personnel, collaboration avec les associations: les stratégies de vaccination sont au point et les cantons sont dans les starting blocks. Certains d'entre eux ont même déjà des listes d'attente (lire encadré). Il ne manque donc plus que les doses.
>> Lire à ce sujet : La Suisse va acheter 40'000 doses du vaccin contre la variole du singe
"Une fois que nous connaîtrons la date de livraison des vaccins, une communication sera faite très rapidement pour expliquer les modalités d'inscription et d'accès à des centres de vaccination", a précisé vendredi dans La Matinale la conseillère d'Etat vaudoise en charge de la Santé Rebecca Ruiz. Elle dépeint une situation "assez inconfortable" car la demande est importante et les attentes fortes.
Alors que la maladie touche en majorité la communauté homosexuelle, Rebecca Ruiz précise que le canton a travaillé à la mise en place de son plan de vaccination à la fois avec des partenaires du domaine de la santé sexuelle, mais aussi "avec des consultations plus neutres pour que les personnes se sentent tout à fait à l'aise" et "sans qu'il y ait une connotations quant au lieu dans lequel la vaccination va se faire". Le vaccin sera ainsi également administré dans des centres de vaccination traditionnels tels que ceux utilisés durant le Covid, ou encore dans des pharmacies.
Sentiment de manquer d'informations
Florent Jouinot, de la coordination romande de l'Aide suisse contre le sida, souhaiterait lui une communication plus claire à ce sujet. "La population a le sentiment de manquer d'informations sur l'approvisionnement en vaccins notamment, ce qui crée une frustration. On n'arrive pas à se projeter dans l'avenir. On demande aux gens de modifier leur comportement pour réduire la transmission de l'agent pathogène, mais combien de temps doivent-ils tenir? Sans perspective, c'est difficile", a-t-il critiqué au micro de la RTS.
>> Relire le témoignage d'une victime : "Quand on a la variole du singe, on comprend vraiment qu'on est tout seul"
Si l'inquiétude a globalement baissé dans la population, note-t-il, "il y a toujours une attente du vaccin en Suisse (...), même si les personnes qui avaient le désir le plus élevé de se faire vacciner sont allées le faire à l'étranger", où elle est disponible "depuis déjà plusieurs mois", pointe-t-il.
La transmission de la maladie ayant essentiellement lieu lors de rapports sexuels entre hommes, les personnes tombées malades sont facilement identifiées comme telles. "Il faut donc faire très attention à la collecte et au traitement des données, ainsi qu'à la mise en oeuvre de la vaccination, qui doit se faire de manière discrète, sans prendre le risque de révéler une part de l'identité des personnes", insiste Florent Jouinot.
Aucun délai articulé
De son côté, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) explique qu'il est pour l'heure toujours en négociation avec le fabricant, et se défend en indiquant que les contrats internationaux prennent du temps pour être négociés et signés. "On n'a pas de nouvelles informations ces derniers jours sur le cours de cette négociation", a précisé pour sa part Rebecca Ruiz, qui concède que les cantons n'ont aucune prise sur la situation.
Sur le plan médical, la barre des 500 cas a été franchie en Suisse, mais les cas sont en diminution, précise l'OFSP. Interrogés par la RTS, les cantons se sont également montrés rassurants, confirmant soit une diminution, soit une stagnation des contaminations à un faible niveau, comme dans le canton de Vaud.
>> Lire aussi : La variole du singe grimpe à plus de 500 cas en Suisse
Sujet radio: Camille Degott
Adaptation web: Vincent Cherpillod
Le détail des dispositifs prévus dans les cantons
-
A Genève, il est déjà possible de s'inscrire pour se faire vacciner via la plateforme Vaccination | ge.ch. Les institutions auprès desquelles l'inscription est possible ne recueillent que les informations strictement nécessaires à une vaccination sécure, précise le canton, qui se dit attentif à la question du respect de la confidentialité.
-
Le canton de Vaud précise que les capacités de vaccination seront adaptées à la demande et en fonction des doses disponibles. Un soutien pour la mise à disposition de personnel supplémentaire fait partie de la planification. Le stock que le canton recevra devrait permettre, selon lui, d'injecter deux doses de vaccin à la population concernée, estimée à 8000 personnes environ.
-
Fribourg prévoit une antenne de vaccination dans les structures déjà en place pour la vaccination Covid. Le canton précise que le nombre de doses reçues "est en train d’être calculé par l’OFSP selon la population à risque concernée", et n'est pas encore connu.
-
Neuchâtel mettra trois lieux de vaccination à disposition: en infectiologie dans le Réseau hospitalier neuchâtelois, auprès de l'association GSN qui a déjà une consultation spécialisée avec les groupes à risque, et dans un centre de santé et planning familial. Le canton recevra 172 doses, selon les besoins du canton calculés par l'OFSP, ce qui permettra de vacciner entre 85 et 400 personnes selon la méthode de vaccination choisie (sous-cutanée ou intradermique, la seconde permettant d'utiliser moins de produit).
-
Le Jura dit être prêt à vacciner "dans le court terme". La vaccination aura bien lieu dans le canton, alors qu'il était initialement prévu que les personnes intéressées se rendent à Bâle ou Berne. Une préinscription a été ouverte afin que le canton puisse se rendre compte du nombre de candidats. Des contacts ont été pris avec l’association Juragai afin de mettre sur pied une campagne de vaccination qui minimise le risque de stigmatisation. Le choix des locaux est en train d’être finalisé et le personnel déjà recruté.
-
Le Valais indique être en mesure de commencer à vacciner dans les deux à trois jours suivant la notification d'une livraison de vaccins par l'OFSP, mais le canton estime "très peu probable" qu'une telle nouvelle arrive si tôt. Un ou deux lieux de vaccination sont en cours de préparation sous l'égide de l'Institut central des hôpitaux.