Publié

Les comparateurs de primes maladie ne sont pas tous fiables

Pourquoi les coûts de la santé s’envolent.
Pourquoi les coûts de la santé s’envolent / A bon entendeur / 49 min. / le 4 octobre 2022
Les comparateurs de primes promettent aux assurés de les aider à trouver la prime la plus avantageuse. Mais certains sites présentent une information tronquée, tandis que d'autres ne fournissent aucun comparatif.

Changer de caisse maladie, de franchise ou de modèle d'assurance: ce sont peu ou prou les seuls leviers dont disposent les assurés pour agir sur le niveau de leurs primes maladies. Alors qu'une hausse moyenne de 6,6% est annoncée pour 2023, nombre d'assurés consultent des comparateurs en ligne en espérant y trouver la formule la plus avantageuse.

>> En lire plus : L'augmentation moyenne des primes maladie atteindra 6,6% l'an prochain

Mais ces sites ne sont pas toujours fiables et les résultats varient d'une plateforme à l'autre, comme le révèle une enquête d'A bon entendeur. L'émission de la RTS a analysé seize plateformes se présentant comme des comparateurs.

Malgré leur apparence, neuf des plateformes en question n'offrent aucun comparatif. Elles se contentent de recueillir les données de l'utilisateur, souvent dans la perspective de les transmettre à un courtier qui pourra les utiliser pour lui proposer des assurances de base, mais également des complémentaires.

Trois sites pour le Groupe Mutuel

Parmi ces pseudo-comparateurs, la RTS en a identifié trois derrière lesquels se cachait le Groupe Mutuel: comparatifcaissemaladie.ch, offrescaissemaladie.ch et visionna.ch.

Lors des recherches de la RTS, l'un de ces sites proposait ainsi "les primes actuelles en comparaison", tandis qu'un autre annonçait "une comparaison des primes officielles de l'OFSP". Interpellé, le Groupe Mutuel a suspendu ces sites, avant de les remettre en ligne dans des versions modifiées. Le logo de l'assureur a notamment été ajouté sur les pages d'accueil et l'objectif des sites a été revu.

La version avant-après du site offrescaissemaladie.ch. [RTS]
La version avant-après du site offrescaissemaladie.ch. [RTS]

"Nous avons immédiatement exigé une refonte des sites internet concernés auprès de nos agences marketing externes, ceci afin que le contenu soit plus explicite et pour éviter toute confusion auprès des internautes", écrit l'assureur valaisan, qui s'excuse auprès des visiteurs qui se seraient sentis mal informés.

Mais le manque de transparence sur ce type de plateformes n'est pas anodin. Selon le SECO, qui surveille ce type d'activité, "si une plateforme, qui est censée représenter plusieurs ou tous les assureurs, n'en représente qu'un, il peut y avoir tromperie" au sens de la loi.

La version avant-après du site visionna.ch. [RTS]
La version avant-après du site visionna.ch. [RTS]

Contrat avec certaines caisses

Le problème dépasse toutefois le cas du Groupe Mutuel. "Lorsque ces sites sont tenus par des entreprises de courtage, on sait qu'ils passent des contrats avec certaines caisses maladie qui ont besoin, pour différentes raisons, d'attirer une clientèle nouvelle", observe Yannis Papadaniel, responsable du secteur santé à la Fédération romande des consommateurs (FRC).

Et d'ajouter: "Ces comparateurs vont mettre en avant les produits de l'assurance avec laquelle les courtiers ont passé un contrat. Or, ces produits ou ces modèles ne sont pas forcément ceux qui correspondront le mieux à vos besoins."

Parmi les plateformes commerciales qui proposent effectivement des comparatifs, certaines mettent ainsi en avant les offres des assureurs ayant payé pour une meilleure visibilité. Bonus.ch peut, par exemple, placer en tête de liste Sanitas ou Atupri, en précisant discrètement qu'il s'agit de "résultats sponsorisés".

Idem pour Comparis qui signale en petit qu'il s'agit d'une "annonce" publicitaire. Mais la publicité n'est pas la seule source de revenu de ce dernier. A chaque fois qu'un visiteur demande une offre, le site perçoit en effet une commission. "Elle est d'environ 45 francs par offre" pour l'assurance de base, explique Felix Schneuwly, responsable des affaires publiques chez Comparis.

Seuls deux sites indépendants et sans intérêts financiers ont été identifiés. Il s'agit du site de la Confédération primeinfo.admin.ch et de celui développé par la FRC en partenariat avec la RTS.

Raphaëlle Fivaz, Maria Gailland-Cubo et Linda Bourget

Publié