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Les adolescents admettant des délits sont plus nombreux, selon une étude

La délinquance juvénile augmente en Suisse selon une étude menée par les Hautes écoles de travail social de Fribourg et Zurich
La délinquance juvénile augmente en Suisse selon une étude menée par les Hautes écoles de travail social de Fribourg et Zurich / 12h45 / 1 min. / le 6 octobre 2022
Le nombre d'adolescents admettant avoir commis au moins un délit dans leur vie est en augmentation en Suisse, selon une étude. Le vol à l'étalage et le port d'armes arrivent en tête de leurs infractions, devançant le vandalisme.

Ces constats émanent d'une enquête menée dans 49 pays dans le cadre de la quatrième "International Self-Report Delinquency Study" (étude internationale sur l'auto-signalement de la délinquance).

En Suisse, la Haute école de travail social (HETS) de Fribourg et la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) ont soumis un questionnaire à 11'019 élèves, dont la plupart avaient entre 14 et 15 ans. L'enquête a été menée entre mai et juillet 2021 dans 24 cantons.

Par rapport à la dernière étude identique menée en 2013, la délinquance juvénile et les expériences de victimes rapportées par les adolescents ont augmenté, indiquent les deux hautes écoles jeudi. Cette observation est renforcée par le fait que les ados parlent bien plus facilement de leurs propres délits que les adultes.

Vol à l'étalage fréquent

Le vol à l'étalage est le délit le plus fréquent, car 15% des ados ont avoué en avoir commis au moins un dans l'année précédant le sondage. Notons que ce chiffre s'élève à 28,9% lorsqu'il s'agit d'avoir volé quelque chose dans un magasin au moins une fois dans sa vie. Par ailleurs, 10,3% des jeunes ont admis avoir porté sur eux des armes à feu, des matraques, des couteaux ou d'autres armes dans les 12 derniers mois. Les actes de vandalisme concernent 9,4% des ados et le deal de drogue touche 5,5% d'entre eux. En revanche, les cambriolages (1,5%) et le vol de voitures (1,1%) par des ados sont restés rares.

En outre, 6,4% des jeunes interrogés ont pris part à une rixe au cours de l'année qui a précédé l'enquête et 2,6% ont admis avoir agressé une personne et l'avoir sérieusement blessée. Une part de 1,3% a avoué avoir braqué avec une arme, agressé physiquement ou menacé lourdement d'autres personnes pour les voler.

Sur internet, 5% des adolescents ont confié avoir commis des crimes de haine et 2,9% ont envoyé des photos intimes en ligne contre la volonté de leurs victimes. L'escroquerie et la piraterie sur le web concernent 2,7% des jeunes interrogés.

Majorité des délits commis par une minorité

Trois quarts des ados sont à l'origine de seulement 1,7% de tous les actes illicites annoncés, dont l'ensemble est donc attribuable à un nombre réduit de personnes. "De manière générale, la majorité des jeunes commettent des délits durant l'adolescence parce qu'il y a une espèce d'excitation à la transgression des règles", relève dans le 12h30 Sandrine Haymoz, professeure à la HETS. Elle souligne que les délits à répétition sont le fait d'une minorité.

Ainsi, 5% des adolescents interrogés étaient responsables de 76% des délits rapportés. Ces récidivistes commettent en moyenne 66 délits par an. A titre préventif, les auteurs de l'étude appellent à les identifier et à les traiter thérapeutiquement de manière précoce.

>> Ecouter le sujet du 12h30 :

La délinquance des jeunes a diminué de 44% entre 2009 et 2014. [Martin Ruetschi]Martin Ruetschi
La délinquance juvénile et le nombre de jeunes victimes augmentent en Suisse, montre une étude / Le 12h30 / 2 min. / le 6 octobre 2022

ats/ami

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Plus de garçons que de filles

La part de garçons parmi les jeunes délinquants est nettement plus élevée que celle des filles. Tel est particulièrement le cas en matière de violence et de vols.

Par ailleurs, les enfants migrants ou aux parents migrants sont surreprésentés parmi les jeunes délinquants pour tous les délits rapportés. Cette différence s'efface lorsque l'on porte l'attention sur la situation socio-économique des jeunes délinquants et sur des facteurs culturels favorables à la violence, notamment.

En Suisse romande, les vols à l'étalage, rixes, piratages informatiques, ports illégaux d'armes ou les graffitis par des ados sont plus fréquents qu'en Suisse alémanique et qu'au Tessin. A l'inverse, les jeunes délinquants alémaniques sont plus actifs dans le trafic de drogue et les crimes de haine en ligne que les jeunes Romands.

Le risque d'être victime en Suisse romande est plus élevé

Du côté des victimes, 25,4% des jeunes interrogés ont subi un vol dans les 12 derniers mois. Il s'agit du délit le plus fréquent à leur encontre. 16,2% ont été victimes de violences parentales. Ces personnes ont été battues, giflées ou bousculées. Par ailleurs, 5% des ados ont été battus avec des objets, ont reçu des coups de poing, des coups de pied ou ont même été tabassés.

Les actes de brigandage ou attaques physiques ont frappé 3,7% des jeunes. Quelque 3% des adolescents s'estiment victimes de crimes de haine sous la forme de violences ou de menaces. Parmi les jeunes interrogés, 13,8% ont été menacés sur les réseaux sociaux (et un sur cinq au cours de leur vie). La part de ceux qui ont été harcelés sexuellement en ligne est de 5,1%.

Les garçons sont plus souvent victimes de violences, alors que les filles sont plus souvent victimes de crimes de haine sur Internet, de violence domestique ou de harcèlement sexuel. Les jeunes ayant des racines étrangères sont plus souvent victimes de délits, sauf pour le brigandage. En outre, le risque pour un ado d'être victime d'un délit est plus élevé en Suisse romande qu'ailleurs dans le pays.