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Une grave pénurie de personnel guette le secteur de la santé, alerte une étude

Le secteur de la santé suisse est menacé par une "aggravation impitoyable" de la pénurie de personnel d'ici à 2040. Image d'illustration d'une infirmière du CHUV dans le canton de Vaud. [KEYSTONE - Gaetan Bally]
Le secteur de la santé est menacé par une pénurie de personnel / Le Journal horaire / 34 sec. / le 9 octobre 2022
Le secteur de la santé suisse est menacé par une "aggravation impitoyable" de la pénurie de personnel d'ici à 2040, alerte une nouvelle étude. Il manquera à cette date près de 40'000 infirmières et infirmiers, ainsi que 5500 médecins, a calculé le cabinet de conseil PwC.

Alors que les traces de la pandémie de Covid-19 sont encore visibles dans le fonctionnement opérationnel des fournisseurs de soins, les effets de la pénurie se sont amplifiés depuis lors, avec des unités de soins fermées, des lits non exploités et des défis opérationnels, indique l'étude de PwC, dévoilée par la NZZ am Sonntag et que l'agence de presse Keystone-ATS a pu consulter.

Outre les 40'000 infirmiers et 5500 médecins manquants, la Suisse souffrira également d'ici à 2040 d'une pénurie de personnel bien formé pour les fonctions de support comme les finances, l'informatique ou les ressources humaines.

L'enquête pointe plusieurs raisons à ces pénuries: l'évolution démographique, le nombre croissant de patients souffrant de nombreuses comorbidités, des conditions de travail précaires et la stagnation du nombre d'étrangers venant en Suisse parmi les professionnels de la santé.

>> Lire également : Les pédiatres mettent en garde contre une pénurie de soins

Impact négatif sur les hôpitaux

Les hôpitaux se retrouvent pris entre deux feux, poursuit l'étude, car l'inflation entraîne une hausse des coûts du matériel et du personnel, alors qu'ils doivent dans le même temps garantir leur attractivité en augmentant les salaires. Or, constate le document, leurs tarifs "à court ou moyen terme ne suivent pas ou pas complètement l'inflation".

Cette combinaison défavorable devrait avoir un impact négatif sur les marges opérationnelles des hôpitaux dans les années à venir, concluent les auteurs de l'étude. "Sans une adaptation des tarifs, l'inflation frappera très durement les hôpitaux suisses et continuera de mettre les marges opérationnelles sous pression", déclare dans un communiqué Patrick Schwendener de PwC Suisse.

>> Ecouter aussi la revue de presse du 12h30 :

Albert Rösti s'exprime au Parlement fédéral le lundi 26 septembre 2022. [Keystone - Peter Klaunzer]Keystone - Peter Klaunzer
La revue de presse dominicale de Delphine Gendre / Le 12h30 / 2 min. / le 9 octobre 2022

Investissements difficiles

Si les hôpitaux ont enregistré l'an passé une nette croissance de leur chiffre d'affaires (7,1%) dans le domaine des soins somatiques aigus, les marges sont trop faibles pour financer à long terme des constructions nouvelles et de remplacement, ajoute l'étude.

"Une transformation des structures de soins, des programmes d'amélioration des résultats opérationnels, une planification active du personnel ainsi que de nouveaux modèles de travail audacieux sont nécessaires et constituent le grand défi des prochaines années" pour le secteur hospitalier, estime Philip Sommer, responsable du conseil dans le secteur de la santé chez PwC Suisse.

ats/ami

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La hausse des coûts perturbe également le milieu hospitalier

Les hôpitaux font momentanément  face à un autre problème de taille: une hausse massive des coûts, alerte dans la NZZ am Sonntag Anne Bütikofer, la directrice de l'association des hôpitaux H+. "Les hôpitaux et les cliniques s'attendent à des augmentations des coûts de l'énergie de 40 à 300%", assure-t-elle. A cela s'ajoute un renchérissement de 3 à 20% des coûts pour le matériel et de 10% pour les denrées alimentaires.

Augmentation des salaires exigée

La note n'est pas finie, poursuit-elle, car il faut encore tenir compte des salaires, les associations de personnels ayant exigé une augmentation de salaire de 5% pour faire face à l'inflation. "Nous demandons aux politiciens et aux assureurs de prendre des mesures urgentes sous la forme d'une adaptation des tarifs au renchérissement", lance Anne Bütikofer, demandant des adaptations de 5%.

Mais les assurances maladie s'y opposent. "Des tarifs hospitaliers en hausse constitueraient une charge supplémentaire pour les payeurs de primes", déclare dans le journal Matthias Müller, porte-parole de Santésuisse.