Publié

Les primes maladie amputent jusqu'à 27% du revenu des ménages

Un homme est assis à une table et analyse des documents. [Depositphotos - AndrewLozovyi]
Les primes maladie amputent jusqu'à 27% des revenus / On en parle / 10 min. / le 10 octobre 2022
Alors qu'elle ne devait pas dépasser les 8% du revenu des ménages par année aux origines de la LAMal en 1996, la part du budget consacrée aux primes maladie des ménages romands se monte en moyenne à 14% pour des ménages de condition modeste, malgré les subsides. Dans le pire des cas, elle grimpe à 27% pour des couples sans enfants dans le canton de Neuchâtel.

Selon la dernière étude de l'OFSP sur la part du revenu des ménages consacrée aux primes d'assurance maladie ou taux d'effort, les ménages romands consacrent en moyenne 14% de leur revenu à leur prime d'assurance maladie. L'étude se base sur les chiffres de 2020 pour 7 ménages-types et sur des primes standard, subsides pour les ayants droit compris.

Différences entre cantons romands

L'étude met aussi en évidence de grandes disparités entre cantons. En Suisse romande, le canton de Neuchâtel dépasse la moyenne avec un taux d'effort de 19%. Dans le détail, ce sont les couples neuchâtelois sans enfant avec un revenu de 60'000 francs par année qui consacrent la plus grande part de leur revenu aux primes d'assurances maladie, et ce malgré les subsides: jusqu'à 27%.

Suivent les cantons du Jura et de Berne avec un taux qui s'élève à 18%, puis Fribourg avec un taux de 15%. Enfin, les cantons de Genève et du Valais sont dans la moyenne helvétique avec un taux d'effort de 14%, tandis que le canton de Vaud se situe à 12%.

Des chiffres préoccupants, parfois en hausse

Ces chiffres sont à la fois spectaculaires et préoccupants sachant qu'à l'entrée en vigueur de la LAMal en 1996, l'assurance maladie obligatoire ne devait pas excéder 8% du budget des ménages, quitte à ce que les cantons augmentent les subsides en conséquence en cas d'augmentation. Or, si les primes n'ont pas cessé d'augmenter, l'étude démontre que les subsides n'ont pas suivi. La moyenne actuelle, 14%, n'a pas évolué depuis trois ans, date de la précédente étude de l'OFSP sur le sujet.

Certains cantons ont tout de même fait des efforts: Vaud a vu baisser son taux moyen de 14% à 12%, tandis que les cantons de Genève et du Valais ont aussi enregistré une baisse. Les taux moyens de Fribourg et du Jura sont restés stables. Les cantons de Berne et de Neuchâtel ont quant à eux enregistré une hausse.

Neuchâtel peine à sortir la tête de l'eau

"Cette étude montre bien que tôt ou tard, c'est l'ensemble du système qui devra être réformé", constate Florence Nater, conseillère d'Etat neuchâteloise et cheffe du nouveau Département de l'emploi et de la cohésion sociale, interrogée par On en parle. "Ceci dit, cela ne résout pas les préoccupations légitimes des Neuchâteloises et Neuchâtelois. Le canton de Neuchâtel consacre des moyens importants à la réduction individuelle des primes d'assurance maladie, mais il est vrai qu'à Neuchâtel le taux de personnes subsidiées est faible par rapport aux autres cantons suisses."

Bien que le canton ait pris des mesures pour aider les personnes de milieu économique modeste, "nous devons aujourd'hui faire des efforts pour les personnes aux revenus bas et moyens", ajoute la conseillère d'Etat. Les nouvelles mesures à prendre n'ont cependant pas encore été définies par le Conseil d'Etat.

Démarche de droit aux subsides parfois difficile

Dans l'idéal de l'étude, tous les bénéficiaires reçoivent leurs subsides à l'assurance maladie. Or, dans la réalité, l'octroi de ces aides financières n'est pas automatique. Par exemple à Neuchâtel, il faut renvoyer un coupon pour demander les subsides. Seuls 80% des ménages font cette démarche dans les délais impartis.

"Les décisions de taxation fiscale ne peuvent pas forcément déterminer immédiatement qui a droit à un subside, ce qui nécessite que les personnes fassent une démarche. Nous essayons de faire en sorte que cette démarche soit la plus simple possible et nous rappelons qu'il est possible à tout moment de s'adresser à un guichet social régional pour demander si l'on a droit à un subside, même si le délai est dépassé", conclut Florence Nater.

Sujet radio et propos recueillis par Yves-Alain Cornu et Bastien Von Wyss
Adaptation web: Myriam Semaani et Jessica Nusslé

Publié