Les effectifs et le budget de cette troupe sont officiellement classés secret défense. Probablement l’unité la plus discrète de toute l’armée suisse, elle compte un peu moins d’une centaine d’hommes, et un budget de 16 millions, selon des chiffres rendus publics et non contestés.
Créé en 2004 sous le feu des critiques, en particulier de l’UDC, qui craignait pour la neutralité suisse, et d'une partie de la gauche antimilitariste, le DRA-10 s’est signalé discrètement ces deux dernières années par ses opérations d’évacuation de citoyens suisses, en Ukraine et en Afghanistan, de vrais succès.
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Documents caviardés
L’accès à cette unité très confidentielle a été rendu possible à l’issue d’une négociation serrée. Temps Présent a obtenu, grâce à la Loi fédérale sur la transparence (Ltrans), les documents relatifs à une opération du DRA-10 en Libye, afin de libérer les otages suisses détenus par le Colonel Kadhafi, en mai 2009.
La mission, qui prévoyait une opération amphibie et sous-marine, avait finalement été annulée. Les documents obtenus par la production de Temps Présent sont massivement caviardés et quasiment inutilisables. Après de longues tractations, le Département de la Défense (DDPS) a finalement proposé l’accès exclusif au DRA-10 à l’émission Temps Présent, pour réaliser un reportage en immersion.
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Témoignages sous couvert d'anonymat
Le réalisateur Mauro Losa a eu accès à de nombreux entraînements, dont un en France. Il a bénéficié d’une liberté quasi-totale pour choisir ses interviews et a pu revenir à plusieurs reprises et à différentes étapes au sein du DRA-10. Pour des raisons de sécurité, également pour protéger les familles et les proches des membres du DRA-10, les militaires et cadres qui s’expriment ont conservé une cagoule et certaines voix ont été modifiées.
Le commandant du DRA-10 a assisté aux interviews, mais n’est jamais intervenu. Malgré les demandes répétées, il n’a pas été possible d’embarquer avec le DRA-10 lors de ses missions à Kiev et à Kaboul.
Enfin, une projection privée a été organisée avant la diffusion du reportage, à destination du commandant du DRA-10, de celui des Forces spéciales et du chef de la communication de l’armée. Les conditions de ce visionnement, fixées par la production de Temps Présent et convenues à l’avance, ont été très strictes: seule la question de l’anonymisation des opérateurs et d’éventuelles imprécisions ont fait l’objet de corrections mineures.
Jean-Philippe Ceppi