A l'occasion des négociations en cours en vue du renouvellement de la convention nationale (CN) du secteur principal de la construction, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) "attaque frontalement les droits des travailleurs", estiment jeudi les syndicats Syna et Unia dans un communiqué commun.
Plus de 20'000 maçons de toute la Suisse, sur les quelque 80'000 travailleurs concernés par la CN, se sont prononcés en faveur d'un mouvement de grève, lors de diverses assemblées de consultation. Toutefois, "il s'agira plutôt de mouvements de protestation sous la forme de défilés" dans un premier temps, a précisé Christian Capacoel, porte-parole d'Unia.
Des grèves proprement dites pourraient être décidées ultérieurement si les revendications syndicales ne sont pas satisfaites après l'ultime ronde de négociations prévue le 14 novembre.
Les heures de travail et les salaires sur la table
Parmi les principales pommes de discorde, la suppression des dispositions en vigueur sur le temps de travail réclamée par les employeurs signifierait que ceux-ci pourraient à l'avenir définir à court terme les horaires de travail.
"Des journées de douze heures et des semaines de 58 heures de travail deviendraient la norme", craignent les syndicats. Cela déboucherait sur une forme de travail sur appel, difficilement conciliable avec une vie sociale et familiale, et néfaste pour la santé, clament-ils. La SSE parle de son côté de "flexibilisation" du temps de travail qui permettrait selon elle un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée.
Outre leur opposition à cette flexibilisation, les syndicats demandent que le temps de déplacement entre le lieu de l'entreprise où doivent d'abord se rendre les employés et le chantier soit rémunéré, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
La distance entre ces deux lieux, au fil des ans, a tendance à s'allonger et peut atteindre jusqu'à 30 minutes par jour. Cela signifie, au bout d'un an, a plus de deux semaines de temps de travail non rémunéré, ont calculé les syndicats. Ceux-ci exigent par ailleurs une augmentation réelle des salaires (au-delà de l'inflation), de l'ordre de 4% au moins.
"Leur incitation à la grève menace la paix sociale"
Le premier mouvement de contestation aura lieu lundi 17 octobre au Tessin, suivi par Bâle le 1er novembre, la grande partie de la Suisse romande les 7 et 8 novembre et enfin Zurich le 11 novembre, où se retrouveront également les employés du Valais et de la plupart des cantons alémaniques.
La SSE a expliqué de son côté mener des "négociations constructives" dans l'intérêt commun des partenaires sociaux. Les entrepreneurs se demandent si les syndicats veulent réellement une nouvelle CN. "Leur incitation à la grève menace la paix sociale", poursuit l'organisation patronale.
Les syndicats devraient s'en tenir aux règles du jeu et ne pas entraver la bonne marche des chantiers en organisant des réunions ou des grèves. Lors de la prochaine rencontre avec les représentants des travailleurs le 21 octobre, les patrons exigeront des employés qu'ils renoncent aux mesures de lutte.
ats/aps