Elsa, le groupe laitier de Migros, basé à Estavayer-le-Lac, aurait volontairement omis de reverser les primes auxquelles un agriculteur avait droit, selon le tribunal civil de la Broye. Les transformateurs doivent en effet payer aux producteurs et productrices 12 centimes pour chaque litre de lait utilisé dans la fabrication de fromages à pâte dure. Il s'agit de maintenir la production de fromages suisses, face à la concurrence de ceux de l'étranger vendus beaucoup moins chers sur le marché.
Le tribunal reproche aux transformateurs d'être opaques sur le nombre de litres de lait utilisés pour les fromages. Il pointe également du doigt l'Office fédéral de l'agriculture pour son système de contrôle, qu'il juge défaillant.
La peur de dénoncer
Chaque année, la Confédération débourse 293 millions pour les primes fromagères. Selon une étude menée par l'Agroscope en 2014, seul un tiers serait reversé aux agriculteurs. Les paysans s'en plaignent depuis des années et, pourtant, la justice n'avait jamais été saisie, les producteurs craignant notamment de ne plus trouver d'acheteurs pour leur lait. Marius Gerber a ainsi attendu d'être à la retraite pour lancer son procès.
"La situation des producteurs est délicate. Il est difficile pour un producteur d'attaquer un acheteur, car il dépend de ce dernier. C'est l'acheteur qui prend en charge son lait, un produit périssable, et le producteur a peur de perdre un canal d'écoulement pour son lait", a confirmé le secrétaire d'Uniterre Rudi Berli mardi dans La Matinale de la RTS.
Propos recueillis par Léa Bucher
Adaptation web: aps