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Le risque de pénurie énergétique plus grand pour l'hiver 2023-2024?

L'hiver 2023-2024 sera "plus difficile encore" pour la Suisse face au risque de pénurie d'énergie, avertit le directeur de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN). [AFP - JODY AMIET]
L'hiver 2023-2024 pourrait s'avérer le cap le plus difficile à passer en terme d'énergie / La Matinale / 1 min. / le 25 octobre 2022
Sur le front de la crise énergétique, plusieurs experts se veulent rassurants pour l’hiver prochain: les réserves de gaz sont pleines dans les pays voisins et les lacs des barrages suisses bien remplis. Mais c’est la suite qui inquiète, notamment l'hiver 2023-2024 qui risque d'être plus compliqué.

"L’hiver 2023-2024 pourrait être encore plus difficile que celui qui arrive." Il y a dix jours, au lendemain d'un sommet européen sur l’énergie, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, en charge des questions d'énergie, nous faisait part de sa crainte quant à l'avenir sur le front de la crise énergétique.

Des inquiétudes réitérées cette semaine par le directeur de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN) Benoît Revaz, dans un entretien diffusé lundi par Le Temps. L'hiver 2023-2024 sera "plus difficile encore", car "l’accès au gaz russe sera quasi impossible, d'autant plus si l'économie chinoise redémarre. Nous allons donc poursuivre la constitution de réserves comme nous le faisons avec les installations à Birr (AG) ou les lacs des barrages de retenue."

Ce scénario n'alarme toutefois pas le professeur en management de l’énergie Stéphane Genoud. Il n'y croit tout simplement pas, comme il l'explique ce mardi dans La Matinale. "A priori, on devrait réparer les centrales nucléaires françaises qui sont quand même une des mamelles de l’énergie européenne. Et puis, est-ce qu’on aura trouvé du gaz ailleurs? Si on a trouvé du gaz et qu’on n’a pas de pénurie cet hiver grâce au gaz trouvé en Europe, notamment le gaz liquéfié, l’hiver prochain sera pareil. J'ai même l’impression que ça sera moins tendu", rassure-t-il.

Solutions d'urgence prévues

La Suisse pourra aussi compter sur des solutions d’urgence, comme l’utilisation de groupes électrogènes existants, par exemple dans les bâtiments publics ou dans les grandes entreprises. Il s'agit d'électricité bienvenue, mais dont la production pollue beaucoup, comme le souligne Stéphane Genoud, insistant sur le fait que cette solution n'est donc pas viable à long terme.

"On n’a jamais imaginé qu’on se retrouverait comme en Afrique avec la nécessité d’avoir des groupes de secours pour assurer la production d’électricité. Ce n’est pas parce qu’on a réussi à passer entre les gouttes cet hiver, si on y arrive, qu’il faut s’endormir sur nos lauriers." Pour lui, ce ne sont d'ailleurs pas des lauriers. "Il faut qu’on arrive à substituer notre énergie fossile, il faut pouvoir être autonome en énergie au niveau suisse. Ce n’est quand même pas très normal qu’un pays comme le nôtre dépende de la décision de Vladimir Poutine et de la capacité des Français à démarrer leurs centrales nucléaires pour savoir si on va passer une partie de l’hiver dans le noir."

Notre dépendance à l’étranger pourrait devenir d’autant plus critique dès 2025. A cette date, l’Union européenne prévoit de réserver au moins 70% de sa production à des échanges entre ses membres uniquement.

Valentin Emery/fgn

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