Modifié

Le manque de formation est un facteur majeur de précarité en Suisse

La pandémie de Covid n'a pas conduit à une explosion de l'aide sociale.
La pandémie de Covid n'a pas conduit à une explosion de l'aide sociale. / 12h45 / 2 min. / le 25 octobre 2022
Plus de la moitié des bénéficiaires de l'aide sociale dans les villes suisses n'ont pas de diplôme professionnel. Le manque de formation est une cause majeure de précarité, selon une étude publiée mardi par l'Initiative des villes pour la politique sociale.

L'enquête, effectuée auprès des services sociaux de 33 villes du pays, révèle les difficultés à apporter aux bénéficiaires de l'aide sociale des formations individuelles adaptées. L'accès aux bourses est régulièrement parsemé d'obstacles, quand ce ne sont pas les dispositions sur le droit des étrangers qui posent problème.

Lorsque les services sociaux constatent un déficit de formation chez leurs "clients", ils tentent de le combler en proposant par exemple des cours de langue. Mais souvent, le financement fait défaut, notamment pour les adultes. Les services sociaux se heurtent à un problème de ressources, constate l'étude menée par la Haute école spécialisée (HES) de Berne.

Le diplôme un véritable sésame

"Nous devons rendre possible l'accès à une formation reconnue aux personnes sans formation", clame Nicolas Galladé, président de l'Initiative des villes pour la politique sociale. L'organisation loue au passage le succès du projet "Formad" mis en place dans le canton de Vaud pour offrir une formation professionnelle aux recourants de plus de 25 ans.

En examinant plus précisément la situation dans 14 villes, dont Lausanne, Berne, Bienne, Bâle et Zurich, il apparaît que le taux de bénéficiaires de l'aide sociale n'a pas augmenté en 2021 par rapport à 2020. Il s'est stabilisé ou a même reculé dans 11 des 14 villes considérées.

Le chiffre le plus frappant est le taux de non diplômés parmi les personnes recourant à ces subsides: il s'élève à 54,9%, alors que les non diplômés ne forment que 12,6% de l'ensemble de la population.

>>Lire aussi En Suisse, la pauvreté n'a pas le même visage en ville qu'à la campagne

La ville de Lausanne développe un projet pilote d'accompagnement

Dans le but de réinsérer une large population, la Ville de Lausanne a décidé d'étendre le droit à l'accès d'une bourse et de ne plus le limiteur aux moins de 25 ans, explique mardi dans le 12h30, Emilie Moeschler, conseillère municipale de Lausannne en charge de la direction des sports et de la cohésion sociale. "Le projet, c'est d'accompagner, dès le départ, les bénéficiaires par une mesure de réinsertion sociale, et ensuite de construire un projet de formation qui leur permet d'obtenir une certification, soit un certificat fédéral de capacité ou une attestation fédérale professionnelle."

>> Ecouter l'interview intégrale de Emilie Moescher, conseillère municipale de Lausanne :

Émilie Moeschler, municipale lausannoise (PS) à la tête de la Direction des sports et de la cohésion sociale. [Ville de Lausanne]Ville de Lausanne
Projet pilote pour la formation des plus de 25 ans : interview d’Emilie Moeschler / Le 12h30 / 3 min. / le 25 octobre 2022

Selon la conseillère municipale, Lausanne affiche un taux de réussite élevé: "84% des personnes qui suivent ce programme sont soit toujours en formation, soit elles ont quitté l'aide sociale." La formation vient réellement en aide, poursuit-elle. "Cela ne leur permet pas seulement de trouver un emploi, mais aussi un emploi avec de bonnes conditions de travail, et de sortir de la situation de précarité."

Pour l'instant, aucune commune ne s'est approché de la Ville de Lausanne pour s'inspirer de son modèle, mais il existe aussi d'autres pistes de solution développées par les collectivités.

>> Lire aussi : Genève alloue un million de francs à l'insertion des jeunes en rupture

Sujet radio: Célia Bertholet

Adaptation web: Miroslav Mares avec ats

Publié Modifié