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Une étude se penche sur les mélanges de drogues et de substances addictives

Un consommateur prépare un mix de drogue de cocaïne et de héroïne, [Reuters - Yannis Behrakis]
Une étude se penche sur les mélanges de drogues et de substances addictives / La Matinale / 1 min. / le 28 octobre 2022
Les jeunes de 14 à 20 ans qui cumulent la consommation d'alcool fort, de drogue voire de médicaments combinent souvent plus de deux substances psychoactives, selon une étude zurichoise. En Suisse, une trentaine d'ados sont morts depuis 2018 des suites de tels mélanges. Nombre d'entre eux avaient entre 12 et 16 ans.

Si la consommation cumulée d'alcool et de cannabis n'a rien de marginal parmi les jeunes et peut entraîner des accidents, d'autres formes de mélanges sont bien plus dangereux encore. Les cas d'adolescents décédés des dernières années dans ce cadre sont liés à une consommation cumulée de plusieurs médicaments ou de médicaments avec de l'alcool.

Parmi les médicaments impliqués, des tranquillisants comme le Xanax, des produits contre la toux à base de codéine ainsi que d'autres opiacés sont les plus fréquents, écrit jeudi l'Université de Zurich.

Une étude en cours de l'Institut suisse de recherche sur les addictions et la santé (ISGF), associé à l'alma mater zurichoise, se penche sur le type de substances consommées par les jeunes, sur les raisons et le contexte de leur consommation cumulée ainsi que sur les précautions que les jeunes gens prennent ou pas. Elle s'adresse en ligne à des personnes de 14 à 20 ans consommant régulièrement des mélanges.

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Médicaments avec plus de deux autres substances

Sur la base des réponses des premières 60 personnes interrogées - un tiers de l'échantillon prévu - on constate que la moitié d'entre elles consomment plus de deux substances psychoactives simultanément pour la plupart de leurs mélanges, a indiqué la directrice de l'étude Corina Salis Gross. Tranquillisants, somnifères, analgésiques ou produits contre la toux sont ainsi souvent consommés avec plus de deux autres substances.

En cas d'urgence, trois quarts des jeunes concernés indiquent savoir quel service d'intervention appeler et 60% disent qu'ils savent reconnaître un cas d'overdose. Dans la réalité, certains adolescents renoncent toutefois à appeler de l'aide dans des situations critiques par peur de la police ou des coûts du transport en ambulance, observent les spécialistes. En outre, les intoxications simultanées d'un groupe entier de consommateurs peuvent entraver les réactions salvatrices.

Pour s'amuser ou vaincre leurs démons

La plupart des jeunes interrogés combinent des substances psychoactives pour s'amuser et parce qu'elles leur donnent un sentiment de bien-être. Certains d'entre eux en consomment aussi pour les aider à se détendre et à surmonter leur timidité, leurs peurs ou d'autres sentiments négatifs.

Selon les spécialistes, cette consommation à des fins de régulation des émotions est particulièrement problématique, car les jeunes concernés ont de la peine à la réduire. Il est important que ces derniers reçoivent une aide professionnelle.

Mal informés, produits non contrôlés

Les adolescents n'ont souvent pas conscience des risques de la consommation cumulée de substances psychoactives. Ils agissent souvent en groupe et de manière spontanée, ce qui les empêche de s'informer suffisamment avant de consommer. Certains d'entre eux prétendent être bien informés, mais leurs sources d'information ne diffusent pas toujours ou pas seulement des renseignements factuels, observent les spécialistes.

Beaucoup de jeunes concernés ne font pas contrôler les substances qu'ils achètent sur le marché noir. Les points de contrôle spécialisés n'existent que dans quelques villes et ne s'adressent pas aux mineurs. Lorsqu'il s'agit de médicaments vendus dans des emballages-coques, les ados les considèrent comme sûrs, alors qu'ils peuvent avoir été souillés s'ils proviennent du marché noir.

Les résultats finaux de l'étude doivent être présentés en mars, précise Corina Salis Gross. Les chercheurs de l'ISGF dirigent aussi des forums de discussion sur le sujet avec des adolescents et des ateliers avec des spécialistes.

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ats/miro

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