Environ 70'000 réfugiés ukrainiens sont arrivés en Suisse depuis le début de l'attaque russe en Ukraine, en février dernier. Par ailleurs, 800 nouveaux requérants d'asile sont recensés actuellement chaque semaine en provenance de Turquie, d'Afghanistan et d'Afrique du Nord principalement. Pour le mois d'octobre, le total devrait se situer à 3000 personnes.
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Ces chiffres se situent à un niveau jamais atteint depuis la Seconde Guerre mondiale, a indiqué jeudi Christine Schraner Burgener, secrétaire d'Etat aux migrations lors d'une rencontre avec les médias à Zurich. "Les crises se chevauchent", a-t-elle souligné.
Rebond après la pandémie
En raison de la pandémie, de nombreux réfugiés potentiels ont dû renoncer à voyager ces deux dernières années, explique la secrétaire d'Etat. Ce n'est plus le cas. En outre, la crise du Covid-19 a impacté l'économie mondiale et appauvri davantage encore les personnes déjà pauvres.
Christine Schraner Burgener y voit une cause supplémentaire des nouveaux flux migratoires, renforcée par les restrictions sur l'exportation de céréales en provenance d'Ukraine.
Les causes purement économiques ne sont, certes, pas suffisantes pour obtenir l'asile. Il faut toutefois traiter, malgré tout, les demandes des personnes concernées qui arrivent en grand nombre en Suisse. D'ici à la fin de l'année, la Confédération aura probablement recueilli plus de 100'000 personnes.
Transfert aux canton
Le centre fédéral de procédure d'asile de Zurich compte normalement 360 places. Actuellement, 500 personnes y vivent, salles de classe et de fitness ayant entretemps été transformées en dortoirs, alors que des lits ont été ajoutés dans les dortoirs réguliers.
Les six centres fédéraux de procédure d'asile affichent complet. La Confédération a donc décidé de transférer plus tôt que d'habitude les requérants aux cantons, à titre provisoire. Dans un premier temps, il s'agira surtout des personnes frappées d'une décision de renvoi.
Interrogée dans Forum, Christine Schraner Burgener reconnaît que la tâche ne sera pas facile pour les cantons. "C'est un défi pour tout le monde. Certains ont mis sur pied des containers. Ils ont été créatifs", remarque-t-elle.
Elle assure plancher sur d'autres pistes: "Je reste en contact avec l'armée pour avoir des logements supplémentaires, par exemple des casernes militaires, qui peuvent être utilisées sporadiquement. On essaye aussi de trouver d'autres solutions."
Salles polyvalentes réquisitionnées
Par ailleurs, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) augmente ses effectifs pour traiter les demandes d'asile plus rapidement. Il ouvre aussi de nouveaux lieux d'hébergement dans des salles polyvalentes à Thoune (BE) et Emmen (LU), ainsi que dans un dépôt militaire au Glaubenberg (OW).
Il doit aussi recourir à des abris de la protection civile en veillant à ce que les gens qui y sont placés ne viennent pas de régions en guerre. Le SEM s'attend à ce que le nombre de requérants d'asile arrivant en Suisse diminue durant l'hiver en raison du froid sur la route des Balkans. En revanche, celui des réfugiés ukrainiens, exposés au froid dans leur pays, pourrait augmenter.
asch avec ats