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Conséquence de l'inflation, les associations d'aide alimentaire en mal de dons

La Suisse n’est pas épargnée par la précarité. Les crises successives provoquent une explosion des demandes alimentaires.
La Suisse n’est pas épargnée par la précarité. Les crises successives provoquent une explosion des demandes alimentaires. / 19h30 / 2 min. / le 28 octobre 2022
Plusieurs organismes offrant de la nourriture aux personnes précaires font état d’une baisse importante de donations, faisant craindre un basculement d’une nouvelle frange de la population dans la pauvreté.

Depuis qu'elle a perdu son emploi de vendeuse en textile, Elena ne compte plus que 2000 francs par mois pour vivre. Pour soulager son porte-monnaie, cette habitante de Vevey (VD) s'est résolue à venir régulièrement s'approvisionner dans l’épicerie Caritas de sa ville.

"La nourriture devient vraiment trop chère", témoigne-t-elle dans le 19h30 de la RTS. "Je ne sais pas où on va, mais ça devient vraiment compliqué pour tout le monde."

La classe moyenne inférieure touchée

15'000 personnes fréquentent chaque mois une épicerie Caritas dans le canton de Vaud. Un chiffre en augmentation de plus de 30% depuis la fin de l’été, selon l’organisation.

La classe moyenne inférieure est particulièrement frappée par les récentes hausses du coût de la vie. "Ce sont des personnes qui sont juste au-dessus du seuil de pauvreté [soit une personne seul vivant avec moins de 2279 francs par mois, ndlr.]", précise Pierre-Alain Praz, directeur de Caritas Vaud.

"Elles ne sont pas aidées par les régimes classiques comme l’assistance publique et doivent avec leur seul revenu faire face aux augmentations que nous connaissons, tant au niveau des produits de premières nécessité que de l’essence."

Précarité en hausse

Cette hausse du nombre de personnes dans le besoin est également observée par les Cartons du Cœur. Le nombre de bénéficiaires de l’association est ainsi passé d’environ 18'000 à 33'000 entre 2018 et 2021 dans le canton de Vaud.

Vendredi et samedi, plus de 1000 bénévoles des Cartons du Cœur s’activent dans une soixantaine de supermarchés vaudois, fribourgeois et neuchâtelois pour une vaste récolte alimentaire. Le principe est simple: chaque client souhaitant participer à l’opération remplit un cabas pour le montant souhaité et le dépose, une fois passé en caisse, auprès des bénévoles de l’association.

Baisse des dons

Ce genre d’opérations, menée quatre fois par années par les Cartons du Cœur, est vitale pour l'association, qui dépend à 70% de dons privés. Or, et c’est là l’autre conséquence de l’inflation, ceux-ci tendent à s’éroder.

>> Notre outil pour mesurer les effets de l'inflation : Pouvoir d’achat: comparez votre ticket de caisse à celui des mois précédents

"L’effet pervers, c’est qu’avec l’augmentation des prix, on reçoit moins de marchandises", déplore Fabien Junod, responsable opérationnel pour l’antenne vaudoise des Cartons du Cœur. "Depuis à peu près fin mars, on voit qu'on a une baisse d'à peu près 30% des donations, donc c’est quand même relativement conséquent."

Une situation préoccupante, alors que les primes maladie connaîtront un bond de 6,6% en moyenne l'année prochaine et qu'environ une personne sur dix en Suisse vivait dans une situation de pauvreté en 2020, selon l’Office fédéral de la statistique.

Yoan Rithner/asch

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