La politique extérieure actuelle de la Suisse se contente de répéter les mesures prises à l'international, a souligné Walter Wobmann (UDC/SO), président du comité d'initiative, devant les médias. Berne a repris entièrement les sanctions de l'Union européenne (UE), suscitant l'ire de ses partenaires commerciaux.
Crédibilité envolée
Or ces mesures se basent sur une mentalité de bouc émissaire et de bons et de méchants, a poursuivi le conseiller national. "Joe Biden, Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky ont alors réalisé que la neutralité suisse a été enterrée. Notre crédibilité à proposer de bons offices s'est envolée."
La neutralité helvétique sert pourtant le monde entier. Elle permet d'établir des contrats de paix, a souligné Stephanie Gartenmann, également membre du comité d'initiative.
Et l'étudiante en droit de rappeler les 20 guerres ayant lieu tout autour de la planète. "La Suisse ne doit pas se concentrer sur le conflit ukrainien. Elle ne doit pas suivre aveuglément les autres. Elle ne doit pas être une marionnette de l'UE ou des Etats-Unis."
Adhésions et sanctions limitées
Avec leur texte, les initiants veulent assurer la neutralité de la Suisse. "Il faut fixer les limites de ce que le Conseil fédéral et le Parlement peuvent faire", a explicité Florence Sager-Koenig, avocate et membre de Pro Suisse.
Toute adhésion à une alliance militaire ou défensive doit être exclue, sauf en cas d'attaque militaire directe. Berne ne doit pas non plus participer aux conflits militaires, ni prendre de sanctions contre un belligérant outre celles décidées par l'ONU.
L'initiative a été, ces derniers mois, principalement défendue par Christoph Blocher. Le poids lourd de l'UDC ne fait toutefois pas partie du comité, qui a essayé de s'en distancier.
Echec d'une première initiative
L'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), ancêtre de Pro Suisse, avait déjà lancé une initiative sur la neutralité en 2011. Le texte voulait notamment limiter les missions de l'armée à l'étranger à l'aide en cas de catastrophe. L'organisation n'avait toutefois pas réussi à récolter suffisamment de signatures.
La nouvelle initiative pourrait elle passer ce cap. La guerre en Ukraine a ranimé le débat autour de la neutralité helvétique. Le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis a tenté de la transformer en "neutralité coopérative". Mais il s'est heurté au refus du Conseil fédéral.
Le gouvernement estime que la neutralité définie et pratiquée depuis 1993 garde toute sa validité. Elle laisse suffisamment de marge de manœuvre à la Suisse pour réagir aux événements que traverse le continent européen depuis le début de la guerre en Ukraine.
ats/ebz