Quelque 10'000 enseignants pourraient manquer dans les dix prochaines années pour combler les besoins de la Suisse à l’école primaire, selon un récent rapport de l’Office fédéral de la statistique.
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L'ampleur du problème varie beaucoup d'un canton à l'autre et les cantons sont compétents pour chercher des solutions. Mais désormais, des parlementaires fédéraux proposent d'agir au niveau national. Selon eux, les titulaires d'une maturité professionnelle devraient pouvoir intégrer une Haute Ecole pédagogique, sans passer d'examen d'entrée. En d'autres termes, bénéficier des mêmes conditions que celles et ceux qui sortent du gymnase.
"On peut réfléchir aux différentes possibilités d'avoir plus d'étudiants qui veulent enseigner. Et si des étudiants qui sortent de la maturité professionnelle ont ce désir-là, il semblait logique de pouvoir leur permettre de le faire plus facilement", explique Valentine Python, conseillère nationale verte vaudoise.
Niveau de formation
Mais le syndicat des enseignants romands s'oppose à ce projet, tout comme la faîtière des Hautes Ecoles pédagogiques, craignant un affaiblissement de la formation. Ils appellent plutôt à renforcer la formation ou à agir sur les conditions de travail pour permettre au corps enseignant de mieux affronter les difficultés du métier.
"On a une structure de formation pour les enseignants qui est bonne, je ne suis pas convaincu qu'une décision au niveau national soit nécessaire dans ce domaine-là", estime David Rey, président du syndicat des enseignants romands. "On peut imaginer mettre en place ce genre de mesures de façon ponctuelle, pour résoudre une problématique de pénurie localisée. Mais il faudrait un délai dans le temps pour éviter de pérenniser une solution qui n'est pas idéale."
Maxime Zuber, directeur de la Haute Ecole pédagogique des cantons de Berne-Jura-Neuchâtel et vice-président de la chambre HEP de la faîtière Swissuniversities, craint pour sa part une baisse du niveau de connaissances dans l'enseignement. "On constate déjà aujourd'hui, même chez des étudiants au bénéfice d'une formation académique, qu'il y a parfois des lacunes dans les connaissances de base. En assouplissant encore les exigences d'entrée, on risque de péjorer le niveau de qualification des étudiants et des enseignants."
Sensible à ces arguments, la commission de l'éducation fait aussi une autre proposition: ajouter une option "pédagogie" dans la maturité professionnelle. Celles et ceux qui la choisissent pourraient accéder plus facilement aux HEP. Le Conseil national se penchera prochainement sur ces deux scénarios.
Sujet radio: Marielle Savoy
Adaptation web: kkub