Que ce soit pour assurer le refroidissement des serveurs ou pour les faire fonctionner, les centres de données consomment. En 2019, les centres de calcul et salles de serveurs ont utilisé 2,1 térawattheures (TWh), selon l'Office fédéral de l'énergie, soit 3,6% de la consommation totale d'électricité en Suisse.
Actuellement, il existe une centaine de datacenters dans le pays. 15 Minutes a pu visiter celui de Gland (VD), chez Stack Infrastructures. Un bâtiment hautement sécurisé: "On est là pour protéger les données de nos clients", explique Pierre Bernard, responsable qualité.
"Dans les datacenters, on retrouve toutes les activités de la société moderne: banque, transports, médecine". Aucune coupure n'est admise. Au sous-sol, des génératrices sont en veille pour prendre le relais si besoin. Cette réserve de secours intéresse d'ailleurs la Confédération, qui pourrait les mobiliser pour éviter un black-out.
>> Lire : Le diesel des datacenters pourrait sauver la Suisse du black-out cet hiver
A un autre étage, plusieurs milliers de m2 de salles informatiques climatisées remplies de serveurs. Pierre Bernard ne nie pas l'impact énergétique des datacenters: "On travaille beaucoup sur ces sujets-là. L'énergie a un coût énorme pour nous". Et si les grands datacenters consomment, ce serait pire avec une multitude de plus petites structures, suggère-t-il.
Energies renouvelables
Utiliser des énergies renouvelables, récupérer la chaleur produite: c'est ce que cherchent à faire les porteurs du projet de datacenter de St-Triphon, dans le Chablais vaudois. "On va encore essayer de développer la partie renouvelable", explique Alain Audemars, architecte du projet.
Parmi les pistes déjà sur la table: alimenter des serres de maraîchers à proximité avec la chaleur produite par le centre de données. Mais pas de quoi convaincre François Sugnaux, vice-président de Pro Natura Vaud: "Certes on va réutiliser de la chaleur, mais on va devoir éclairer ces serres et on va recréer des besoins avec des productions hors saison". Son organisation a fait opposition contre ce projet de datacenter.
La consommation estimée pour ce centre équivaudrait à celle de 17'000 ménages. Pas vraiment de quoi surprendre Arnaud Zufferey, ingénieur indépendant en énergie: "Le numérique consomme plus que les CFF".
Réduire l'empreinte du numérique?
"La place du numérique dans la consommation d'électricité est encore peu discutée. On a peu d'études et peu de mesures évoquées pour réduire cette empreinte", souligne Arnaud Zufferey. "Pour l'instant, le numérique est illimité."
Le chercheur basé à Sierre (VS) estime que plusieurs mesures seraient possibles, que ce soit sur le plan individuel, en réduisant par exemple sa consommation de streaming audio ou vidéo, ou sur le plan collectif, en forçant les grands acteurs du numériques à réduire leur diffusion de contenus.
"Plus vous consommez de données, plus vous consommez d'électricité", explique-t-il. Comme on réduit notre usage de la lumière ou du chauffage, faudrait-il limiter aussi notre consommation dans le numérique? C'est ce que suggère Arnaud Zufferey.
Katia Bitsch, Guillaume Rey