La campagne, du 25 novembre au 10 décembre, démarre sur la Place fédérale et se déploiera dans tous les cantons sous forme de 180 événements et débats. L'an dernier, une femme est morte toutes les deux semaines et 30 ont survécu à des actes de violence sexiste.
Selon l'organisation "Stop Féminicides", il y aurait déjà eu 15 femmes tuées cette année. Le dernier féminicide remonte à deux jours à Zurich-Altstetten.
Ces journées d'action visent à ouvrir un large débat sur ce problème, à mieux faire connaître les offres de conseil et de soutien et à renforcer la prévention. La violence domestique est encore trop peu prise en considération.
Partenaires ou ex-conjoints
Dans la plupart des cas, les auteurs de violence sont des partenaires ou ex-conjoints de la victime pendant ou après une séparation. Les féminicides sont souvent précédés d'un contrôle social étouffant, de violences domestiques ou de harcèlement.
Pour protéger les femmes de conjoints ou d'ex-conjoints violents, la justice peut prononcer des interdictions de périmètres et de contact. Et depuis cette année, les femmes menacées peuvent demander que leur conjoint soient surveillés au moyen d'un bracelet électronique.
Mais cela ne suffit pas, estime Tamara Funiciello, co-présidente des Femmes socialistes. "Le bracelet électronique est une bonne mesure, mais ce n'est pas la seule dont on a besoin. Par exemple de maisons d'accueil pour les femmes victimes de violences", souligne-t-elle dans le 12h45 de la RTS
L'Etat devrait prendre ses responsabilités et mieux protéger les femmes de la violence, estime également Anna-Béatrice Schmaltz, directrice de la campagne. Il faudrait pour cela davantage de moyens financiers. C'est l'organisation féministe pour la paix qui coordonne les actions.
Observatoire et ligne téléphonique
Dans le canton de Vaud, des membres du collectif vaudois de la grève féministe se sont rassemblées à la mi-journée à la place du Château à Lausanne, siège des autorités cantonales. Une délégation du collectif prévoit d'aller frapper aux portes des différents ministres.
Les militantes rappellent leurs revendications pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles, avec notamment la création d'un Observatoire cantonal des violences, car les chiffres de la police ne suffisent pas.
Il faut aussi mettre sur pied une ligne téléphonique, joignable 24h sur 24, sur le modèle de "La Main tendue", demandent-ellles. Autre revendication: la formation de tous les acteurs des services publics qui sont impliqués dans cette problématique.
Formation des pharmaciens vaudois
Sur ce point, le canton a fait un pas dans leur direction, avec l'annonce vendredi du lancement d'une formation en ligne obligatoire pour les pharmaciens et pharmaciennes du canton. Objectif: leur donner les outils pour venir en aide aux victimes de violence domestique.
Mais pour les militantes, ce n'est pas assez. Elles dénoncent le silence et l'inaction des autorités cantonales, qu'elles avaient rencontrées il y a déjà près d'un an. Cet après-midi, elles vont remettre leurs revendications à Isabelle Moret, la nouvelle conseillère d'Etat en charge du Bureau de l'égalité.
kkub avec ats
Mieux protéger les personnes étrangères victimes de violence
Une commission du Parlement fédéral estime qu'il faut mieux protéger les étrangères et étrangers victimes de violences conjugales. Elle met en consultation un projet de loi afin de permettre à ces personnes de rester en Suisse, même si leur couple vole en éclats.
Car pour l'instant, seuls les détenteurs et détentrices de certains permis sont protégés dans cette situation.
"Les personnes qui ont un permis B, qui se renouvelle chaque année, sont mises en danger, car dès qu'elles se séparent, elles ne remplissaient plus les conditions ni de regroupement familial ni d'indépendance économique, explique la conseillère nationale Ada Marra (PS/VD).
L'interview d'Ada Marra dans La Matinale:
Même chose pour les permis F - les personnes admises provisoirement en Suisse, qui n'ont pas le statut de réfugiées mais qui peuvent rester: elles se voient en danger de renvoi alors qu'elles sont victimes.
"Il s'agit de mieux protéger les femmes, toutes les femmes, et de leur faciliter l'accès à la justice sans qu'elles soient doublement victimes", résume Ada Marra.
300 personnes à Lausanne
Environ 300 personnes se sont réunies vendredi en début de soirée sur le pont Bessières à Lausanne, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination des violences à l'égard des femmes. Les manifestantes ont notamment critiqué "l'inaction" des autorités vaudoises.
Le rassemblement, initié par la Grève féministe Vaud, a enchaîné les prises de parole, les slogans et les "cris de colère" pour dénoncer le silence du Conseil d'Etat. Les oratrices ont affirmé toujours attendre "une réponse concrète" à leurs revendications, soumises l'an dernier au gouvernement vaudois mais, selon elles, restées lettre morte.
Une délégation a été reçue vendredi par la nouvelle conseillère d'Etat Isabelle Moret, en charge du Bureau de l'égalité. Les militantes ont, à nouveau, remis leurs revendications. Parmi celles-ci figurent la création d'un observatoire cantonal des violences sexistes et sexuelles, ainsi que d'une ligne téléphonique joignable 24 heures sur 24 pour les victimes. Elles réclament aussi une politique éducative davantage "volontariste".