Publié

Il y a 50% de retards en plus dans les gares romandes qu'ailleurs en Suisse

Enquête sur la ponctualité des trains en Suisse. Près de 10% des trains arrivent en retard en Suisse romande.
Enquête sur la ponctualité des trains en Suisse. Près de 10% des trains arrivent en retard en Suisse romande. / 19h30 / 2 min. / le 11 décembre 2022
En Suisse romande, une entrée en gare sur dix donne lieu à au moins trois minutes de retard. Les CFF admettent que les trains sont moins ponctuels dans la région. Toutefois, aucune amélioration importante n’est prévue avant 2025.

Pour les 209 habitants de Corcelles, dans le Jura bernois, la ponctualité constitue un défi. En tout cas pour ceux qui se déplacent en train. Entre janvier et novembre 2022, plus d’un train sur trois s'y est présenté en retard. Ce bilan en fait la pire gare romande.

A Gutenburg, dans la partie alémanique du même canton de Berne, c'est même plus d'un train sur deux qui s’est fait attendre. Mais, sur l’ensemble des gares suisses, c’est bien dans la région francophone qu'il faut se montrer le plus patient. Les nouveaux horaires, annoncés le 22 novembre, n’y changeront rien.

>> Lire aussi : Le nouvel horaire CFF est entré en vigueur sans souci majeur

Lausanne et Genève sur le podium des pires "grandes" gares

La RTS a analysé plus de 30 millions d’arrivées enregistrées entre le 1er janvier et le 15 novembre de cette année, dans toutes les gares où ces données sont disponibles. En Suisse romande, 9,6% de celles-ci affichent au moins 180 secondes de retard. C’est 50% de plus qu'ailleurs dans le pays.

Les CFF s'avouent, pour l’heure, impuissants à corriger ce déséquilibre. Leur porte-parole Frédéric Revaz l'admet: "La base de l'horaire pour la Suisse romande a environ 20 ans, elle date de Rail 2000. Depuis, des hausses de cadence se sont accumulées et il n’y a plus assez de réserve de temps."

Autrement dit, il n'existe aucune marge, de sorte que "même la pluie et les feuilles mortes peuvent générer des retards car les trains accélèrent et ralentissent moins vite".

La tendance se vérifie aussi dans les grandes gares (plus de 130'000 trains depuis le début 2022). Lausanne obtient les pires résultats, devant Olten et Genève.

Un mal qui dure

Le futur du rail participe aussi à ces difficultés du présent. Une enveloppe de 5 milliards a été débloquée pour les aménagements d’ici 2030. L’exploitant matérialise sa volonté de dépenser cette somme en multipliant les chantiers qui contribuent à congestionner le réseau.

"C'est le fruit de décennies de sous-investissements", explique Tobias Imobersteg, secrétaire général de Swiss Railvolution. "On a aussi misé uniquement sur l'infrastructure existante pour le développement du rail, alors que des lignes nouvelles ont été créées en Suisse alémanique."

Frédéric Revaz estime de plus qu’il a fallu du temps pour déterminer et analyser l’origine des faiblesses du réseau en Suisse romande. En effet, le problème ne date pas de cette année. Depuis 2018, au moins, les retards sont largement supérieurs dans l'ouest du pays.

Face à ce constat, les CFF avaient proposé une nouvelle grille pour 2024. Les cantons l'ont rejetée car elle impliquait une baisse des correspondances et des temps de parcours rallongés. Les parties cherchent ensemble une solution, mais les CFF ne s'en cachent pas, "la donne ne changera pas les deux prochaines années, même si la quatrième voie Renens-Lausanne et le saut de mouton de Prilly-Malley pourraient donner un peu d’air". Pour de réels progrès, il faudra donc attendre au moins 2025.

Pourtant, une nouvelle grille ne résoudra pas tout, selon Tobias Imobersteg: "De nouvelles lignes sont incontournables. Le réseau actuel est totalement saturé. De plus, les futurs hubs européens seront Lyon et Munich. Il faut faire des développements sur la base de ces hubs."

Les axes les plus touchés

D'ici là, certains axes et certaines agglomérations continueront donc de souffrir de retards réguliers. À garder à l’esprit si vous vivez dans l’agglomération montheysanne ou que vous fréquentez régulièrement la ligne Berne-Lausanne-Genève le soir aux heures de pointe.

Tybalt Félix, avec Nicolas Rossé

Publié