Le 6 décembre 1992, les Suisses et les Suissesses refusaient l'entrée dans l'Espace économique européen (EEE). Sous le choc, le conseiller fédéral radical Jean-Pascal Delamuraz avait qualifié cet échec de "dimanche noir" pour la Suisse devant la presse, aux côtés de ses collègues René Felber et Arnold Koller.
Trente ans après, la voie bilatérale construite par la Suisse ressemble à un cul-de-sac. Et pendant ce temps, l'EEE a fait ses preuves pour trois pays: l'Islande, la Norvège et le Liechtenstein.
Un résultat radicalement différent en 2022
Le Mouvement européen suisse a voulu tester l'état de l'opinion. Il a mandaté l’institut gfs.bern pour une enquête représentative auprès d’un millier citoyens. Et aujourd'hui, un vote donnerait un résultat radicalement différent de celui de 1992: près des trois-quarts des votants (71%) diraient oui à cet espace économique dans les urnes.
La moitié des citoyens et des citoyennes ne sont contents ni de la politique étrangère actuelle ni de l'état de la relation bilatérale. Les sondés désapprouvent l'abandon du projet d'accord-cadre par le Conseil fédéral. Et ils veulent une relation stable avec le grand voisin, mais une bonne majorité ne veut toujours pas adhérer à l'Union européenne.
L'institut gfs.bern relève que l'électorat de l'UDC reste opposé à une adhésion à l'EEE, mais le soutien est majoritaire dans tous les autres camps politiques.
Remettre toutes les options sur la table
Avec ce sondage, le Mouvement européen suisse veut briser les tabous et remettre toutes les options sur la table, y compris celle de l'EEE comme solution de rechange.
La Suisse a besoin d’un débat honnête et de solutions concrètes afin de garantir aux jeunes générations des perspectives européennes, ajoute l'organisation. Elle cherche maintenant des partenaires et n'exclut pas de lancer une initiative populaire.
oang avec Etienne Kocher et ats
Résolution de Pro Suisse
Trente ans après le "non" à l'EEE, l'association Pro Suisse a adopté une résolution exigeant la "neutralité perpétuelle" du pays. Ce texte ne veut pas de reprise automatique du droit européen ou de sanctions économiques ni de nouveaux accords bilatéraux avec l'UE.
Réunis vendredi soir dans la salle de l'Albisgüetli, à Zurich, les membres de Pro Suisse ont approuvé la résolution "Assurer l'indépendance et la neutralité de la Suisse". Outre le refus de toute intégration européenne de la Suisse, le papier en huit points ne veut "pas de juges étrangers" ni que la neutralité "soit compromise par l'adoption de sanctions économiques, la participation à des livraisons d'armes et à des exercices préparatoires de l'OTAN à la guerre".
La résolution exige aussi "un retour à la neutralité perpétuelle, armée et globale à travers l'initiative sur la neutralité" ainsi qu'une protection "par une armée de défense robuste et par un approvisionnement fiable en biens de première nécessité". Elle rejette aussi les "diktats de l'OMS" contre les pandémies.
En vue de la récolte de signatures pour l'initiative lancée par Pro Suisse, la figure de proue de l'association, l'ancien conseiller fédéral UDC Christoph Blocher a appelé ses troupes à se battre comme en 1992.