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Plusieurs médias romands sont en difficulté et réduisent la voilure

Les temps sont durs pour les médias romands
Les temps sont durs pour les médias romands / Forum / 2 min. / le 11 décembre 2022
Les temps sont durs pour les médias romands. La RTS a pris connaissance de la suppression de plusieurs postes au sein de Tamedia, de réductions de taux de travail à Heidi.news et de baisses de salaire au journal Le Courrier.

Comment expliquer cette morosité? D'abord par l'érosion des abonnements et des recettes publicitaires. S'y ajoutent les conséquences économiques de la pandémie et une vague de désabonnements du lectorat covido-sceptique. On constate aussi un délaissement des médias depuis le début de la guerre en Ukraine. L'inflation joue également un rôle, avec l'augmentation du prix du papier et de l'électricité.

L'audience numérique semble, elle, se maintenir, mais sans grandes retombées économiques. Les médias peinent à augmenter le nombre de leurs abonnements web.

Le Courrier vient ainsi de lancer une grande campagne d'abonnement pour y remédier, sans obtenir le succès espéré. Les 35 employés du journal renonceront à la moitié de leur 13e salaire cette année.

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Des taux de travail réduits chez Heidi.news

Le rachat d'Heidi.news par Le Temps, financé par la Fondation Aventinus (elle-même propriétaire du Temps), avait suscité beaucoup d'espoirs. Mais la désillusion est grande au sein du média spécialisé dans les questions scientifiques. Il doit aujourd'hui économiser près de 500'000 francs. Plusieurs employés ont été contraints de baisser leur taux de travail et la direction rabote son salaire. Plusieurs journalistes seront également transférés vers Le Temps en 2023.

>> Relire : Heidi.news rejoint officiellement le giron du journal Le Temps

Au sein de la rédaction, on parle d'une véritable hécatombe pour un média encore en phase de lancement et d'une décision abrupte. Le Temps, en revanche, n'est pas concerné par ces coupes budgétaires.

La Fondation Aventinus a refusé de répondre sur l'origine de cette restructuration. Elle renvoie aux deux titres, assurant qu'ils agissent en toute indépendance. Or, selon les informations de la RTS, il s'agit toutefois bien de la décision d'Aventinus.

Et ce ne serait pas par manque de moyens. En effet, la RTS a également été informée que le donateur majoritaire d'Aventinus n'a pas baissé sa contribution, bien au contraire.

Tamedia supprime près de quatre EPT

Du côté de Tamedia, le plan d'économies annoncé en 2020 ne porte pas bien ses fruits. L'entreprise confirme à la RTS que 3,9 équivalents plein temps (EPT) seront supprimés au niveau romand.

Et ce n'est que la pointe de l'iceberg, selon les partenaires sociaux, car c'est sans compter les stages et contrats non renouvelés, ainsi que les départs à la retraite non remplacés.

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Au-delà de la conjoncture difficile, certains employés dénoncent la contribution imposée aux frais généraux de Tamedia, qu'ils jugent trop élevée, et de ne pas être associés aux grandes réflexions structurelles du groupe.

Une réflexion qu'entreprendra de son côté Le Courrier l'année prochaine pour tenter d'assurer sa propre préservation.

>> Ecouter aussi l'interview de Philippe Amez-Droz, économiste des médias, chargé de cours au Medialab de l'Université de Genève, dans Forum :

Les médias romands en crise? Interview de Philippe Amez-Droz
Les médias romands en crise? Interview de Philippe Amez-Droz / Forum / 5 min. / le 11 décembre 2022

Charlotte Frossard/ami

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